samedi 1 mars 2008

50 ans de , guerilla

COLOMBIE (45 millions d’habitants) sur Le Grand Soir


Bien qu’elle n’ait pas connu une véritable dictature militaire comme la plupart des pays latino-américains la Colombie a été dirigée par des gouvernements civils qui ont été parmi les plus brutaux du monde et la vie politique colombienne est depuis la deuxième guerre mondiale placée sous le signe de l’assassinat. L’assassinat fondateur, si l’on peut dire, a lieu en 1948. Supervisé par les Etats-Unis – le général Marshall, à l’époque Secrétaire d’Etat des Etats-Unis – est présent lui-même à Bogota, ce meurtre est destiné à empêcher l’arrivée au pouvoir d’un leader de gauche (non communiste) très populaire ELIECER GAITAN.

L’oligarchie foncière au pouvoir, soutenue par les Etats-Unis, va s’opposer par le crime à toute transformation sociale. L’économie de la drogue y contribue puissamment. En effet, bien que seule une petite fraction de la rente « toxique » demeure dans le pays de production, son importance dans un revenu national faible par ailleurs suffit à alimenter une classe dirigeante parasitaire. Celle-ci n’a aucun besoin de promouvoir un projet de développement économique faisant sa place à l’agriculture et à l’industrie. Ses consommations ostentatoires et ses dépenses « sécuritaires » sont hors de proportion avec les revenus qu’elle pourrait tirer de tout autre activité économique.
Là où sévit la « rente toxique » la catastrophe sociale est au rendez-vous. Paysannerie surexploitée, militants syndicaux et populaires assassinés, la démocratie politique qui existe formellement en Colombie entre les périodes d’état de siège est en pratique impraticable et stérile.

Divers mouvements de lutte armée contre le pouvoir latifundiaire devenu narco-pouvoir ont donc surgi en Colombie.
Les plus importants sont aujourd’hui les FARC-EP (Forces armées révolutionnaires de Colombie
– Armée populaire) et l’ELN (Armée de libération nationale). Créés à la même époque (1965), s’appuyant tous les deux sur les populations paysannes les plus exploitées mais avec des orientations idéologiques divergentes, les FARC proches du PC colombien, l’ELN d’inspiration plus guévariste, ils n’ont pu jusqu’à présent se regrouper dans un front uni. Ils ont cependant résisté à l’énorme appareil contre-révolutionnaire qui rassemble l’armée et les paramilitaires, ces derniers se chargeant des basses besognes criminelles que l’armée leur délègue.

Le Plan LASO et la naissance des FARC.
Extrait de la Conférence donnée par Alberto Pinzon Sanchez, anthropologue et médecin colombien, à l’occasion du Forum sur les Droits Humains le 9 décembre 2005 à Alicante, en Espagne.
En 1964 le contingent militaire colombien en Corée -le seul contingent latino-américain ayant participé à la guerre états-unienne en Corée- revient en Colombie et il est assimilé par le haut commandement militaire de l’armée colombienne. Les enseignements dont étaient porteurs ces officiers -appelés en Colombie « les Coréens »-, concernant les techniques et la doctrine de la guerre contre-insurrectionnelle en Corée, peuvent être appliqués en Colombie. En 1964 commence le plan dont le nom est entré dans l’histoire : Latin American Security Operation, ou Plan LASO, organisé, financé et géré à partir de l’ambassade des Etats-Unis à Bogotá.
Ce plan consistait à exterminer une région paysanne pauvre et retirée, laquelle selon le délire des dirigeants libéraux et conservateurs était une république communiste indépendante. Ils mandatent 12 000 soldats colombiens, avec des conseillers états-uniens, et pour la première fois en Amérique du sud s’effectue une attaque aérotransportée avec des hélicoptères états-uniens. La petite zone relevant de la municipalité de Marquetalia, dans le département de Huila, habitée par 48 paysans et leurs familles, est bombardée. Ces 48 paysans se cachent dans les montagnes et ils survivent. A partir de ce noyau, l’année suivante, en 1965, se constituent les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC).
Selon les derniers chiffres donnés par le gouvernement colombien les guérilleros de cette organisation sont aujourd’hui près de 48 000 hommes et femmes, sans compter les miliciens et les autres contingents clandestins. 48 guérilleros qui après 40 ans de lutte armée et de résistance à l’extermination officielle se sont multipliés par mille.

En 1964 il n’y avait pas de narcotrafic, le conflit colombien est très antérieur au narcotrafic. Le narcotrafic est un ajout qui survient postérieurement. Alors, le drapeau avec lequel on justifiait l’agression contre ces paysans c’était la lutte anticommuniste : sauver la démocratie occidentale et chrétienne en Colombie.

Extrait de Dans les campagnes du monde : des luttes armées méconnues

Le discours sur le terrorisme dont abusent tous les pouvoirs menacés, particulièrement depuis le 11 Septembre 2001, tend à étouffer et même à interdire par des législations de plus en plus attentatoires à la liberté d’expression toute information sur les peuples, organisations ou mouvements qui ont décidé de recourir à la lutte armée

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