Geert Noels, auteur de "Econochoc" et fondateur d'Econopolis et l'un des plus fins analystes de la situation économique,
à Matin Première, extrait:
GN - Je crois que les pays ont intérêt que la Grèce puisse elle-même résoudre le problème mais qu'il ne faut pas intervenir parce que le prochain domino peut être l'Espagne et bon, ça devient tôt ou tard, trop grand pour résoudre. Il y a des problèmes, ce sont des problèmes grecs, le problème est également que pour la Grèce, la devise est trop forte, que les taux sont trop bas et que ça n'amène pas à le discipline. Alors bon, disons, résoudre tout cela, c'est très difficile mais on peut renverser la chose aussi pour l'Allemagne qui finalement paie toute la facture, les Pays Bas et quelques autres pays qui suivent, la discipline, ceci devient aussi quelque chose qui pèse sur leurs populations. Parce qu'en Allemagne et aux Pays Bas, on dit, tiens finalement, est-ce que cet Euro est aussi notre devise ou que ça devient
une devise Club Med?
BH - Oui, c'est ça, devise Club Med, oui, c'est une expression qui a fait fleurette. Il y a une autre expression qui a fait fleurette la semaine passée, c'était la "
wallonisation" de la Flandre. Alors, on en a parlé dans tous les journaux, expliquez-nous, alors c'est de vous, cette expression, enfin, c'est vous qui l'avez remise au goût du jour. Expliquez-nous ce que vous avez voulu dire par là.
Ca veut dire quoi, "wallonisation" de la Flandre ?
GN - Mais je l'ai dit la première fois à une émission de télévision,
BH - A la VRT ?
GN - A la VRT, j'ai dit, dans les mêmes circonstances, dans la même situation, on réagit de la même façon, c'est-à-dire
quand les grandes sociétés sont menacées, on réagit d'une même façon avec un nouvel étatisme, le Gouvernement qui veut résoudre le tout, avec un syndicalisme qui devient plus agressif, avec disons un vent de popularité des chefs d'entreprise, avec une certaine inertie, etc, etc. Regardons un peu plus loin parce que la Wallonie a déjà un peu plus d'expérience avec cet, disons, ce déclin industriel, tôt ou tard, la reprise va se faire via les PME, les spin off, les universités, regain de, disons d'optimisme via de petits projets et non plus via les très grands projets.
Alors on peut dire qu'il y a beaucoup de parallèles entre le déclin industriel de la Wallonie et disons, l'étatisme qui a été créé et puis ce qui se passe aujourd'hui en Flandre.BH - Est-ce que c'est la fin du miracle flamand ? Est-ce qu'aujourd'hui, la Flandre se réveille en se disant, tiens, c'est fini, le miracle flamand des années 90, c'est terminé ; on n'en est, je ne vais pas dire au même niveau que la Wallonie, puisque ce n'est pas du tout la même histoire économique mais voilà, est-ce qu'il y a un réveil, je veux dire, une prise de conscience, que la Flandre, elle n'est pas toute puissante face à l'économie mondiale ?
GN - Je ne veux pas aller aussi loin mais je crois qu'il y a aujourd'hui quand même des problèmes économiques, qu'on voit un peu partout, disons, si on prend le chômage dans le sens large, aujourd'hui, disons, c'est presque proportionnel entre la Flandre et la Wallonie.
BH - Il y a autant de chômeurs en Flandre que, par rapport à la population, qu'en Wallonie, quoi, à peu de choses près ?
NG - Si on prend ça dans le sens large, pas uniquement, les 700.000 chômeurs officiels, mais disons 1,4 million de l'ONEM, on voit que c'est presque en équilibre, côté Sud et Nord, déjà ça, c'est une constatation. Ca veut dire qu'aujourd'hui, on voit que les problèmes économiques touchent autant la Flandre que la Wallonie. Et que bon, dans ce contexte avec disons les problèmes industriels, la Flandre était très vulnérable pour la récession économique.
Lire aussi:La VRT critique la gestion de Didier ReyndersL'émission "Panorama" diffusée dimanche soir sur Canvas a présenté un terrible réquisitoire contre la gestion du plus gros ministère du pays (30 000 agents, répartis dans 800 bureaux), celui des Finances, rapporte la presse.
Derrière le malaise de l'administration, la démotivation des agents ou la politisation du sommet de l'administration, c'est Didier Reynders, ministre des Finances au cours de la dernière décennie, qui se retrouve sur le banc des accusés.
L'émission se réfère à une étude relevant que l'économie souterraine représente chez nous 21,5 %du produit intérieur brut (PIB), situant la Belgique juste derrière la Grèce (28,3 %) mais très loin devant nos voisins français (14,8 %) ou néerlandais (12,8 %). Ce très mauvais classement a des conséquences pour le Trésor: des moindres recettes à hauteur de 30 à 35 milliards. Autre point noir stigmatisé dans le reportage: l'absence de contrôles. Henri Maus, professeur de Droit à l'Université d'Anvers, souligne que 32.000 entreprises n'ont pas rentré de déclarations en 2008, contre 28.581 qui l'ont fait et ont été contrôlées. Les assujettis à la TVA ne sont que 2,4 %à être contrôlés. Ce laxisme nourrit la fraude fiscale. Le même Maus ajoute qu'en dépit de son énorme pression fiscale (44 % du PIB), la Belgique (grâce au secret bancaire) est citée par l'OCDE parmi les paradis fiscaux que sont le Luxembourg ou Monaco.