"le fait que les ministres CD&V ont démissionné ne signifie pas qu'ils reconnaissent avoir commis une faute"
Et quoi encore ?
"C'est un geste de bonne gouvernance"Ah oui, la Goed Bestuur, c'est vrai ... la spécialité flamande.
"Maintenant, nous voulons qu'il y ait rapidement un gouvernement qui fonctionne"Et avant pas, alors ?
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La démission de Leterme I pour les Nuls
On voit maintenant un peu plus clair dans ce qui s’est réellement passé entre la rue de la Loi (le gouvernement) et la place Poelaert (pouvoir judiciaire) dans cette affaire qui a conduit à la démission, inéluctable vu les circonstances, de Leterme I. En voici une synthèse explicative, principalement à partir des éléments factuels de la note en néerlandais établie à l’attention du président de la Chambre des Représentants par le premier président de la Cour de cassation
Le CD&V dans les cordes, donc dangereux...
Au 2e jour d’une crise politique dont on n’ose même plus écrire qu’elle est totalement inédite, il n’y a finalement que la presse internationale pour faire état de sa préoccupation devant la déliquescence des institutions de notre beau royaume. Les journalistes et observateurs allemands, espagnols, anglo-saxons… ne savent pas à quel point, ici, on ne s’étonne plus de rien.
Leterme: "la poursuite du gouvernement n'était plus possible"
Le rapport du premier président de la Cour de cassation, Ghislain Londers, a rendu impossible la poursuite de l'activité du gouvernement, a expliqué vendredi soir le premier ministre Yves Leterme dans un communiqué. Il compte sur la Commission d'enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur les faits et établir la vérité.
"Si j'ai agi en mon âme et conscience et dans l'intérêt général, il me faut néanmoins admettre que la note Londers rend impossible la poursuite de l'activité gouvernementale", a-t-il dit.Le premier ministre témoigne également de son soutien au ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, qui a annoncé sa démission en fin d'après-midi à la suite du rapport. C'est d'ailleurs cet acte qui a entraîné la démission collective du gouvernement.
Crise : toutes les réactions du monde politique
Leterme, la chute sans fin
Yves Leterme, le Premier ministre belge, a remis ce soir au Roi Albert II, la démission de son gouvernement. Cette fois, la crise n’est pas provoquée par un énième rebondissement du conflit entre néerlandophones et francophones, mais par une grave violation de l’État de droit.
Updated: RFI fait très fort:
Belgique
Affaire Fortis : le gouvernement présente sa démission
Article publié le 19/12/2008 Dernière mise à jour le 20/12/2008 à 00:24 TU
L'affaire Fortis a eu raison du gouvernement belge. L'équipe d'Yves Leterme a présenté sa démission au roi après que la plus haute instance juridique belge a accusé les services du Premier ministre d'avoir tenté de faire pression sur la justice dans le dossier du sauvetage de la banque Fortis. Vendredi soir, le roi Albert II, auquel il appartient d'avaliser ou non la décision, a annoncé qu'il réservait sa réponse.
Avec notre Bureau de Bruxelles
Dès que le gouvernement belge apprend qu’il est assigné en justice par les actionnaires de la banque Fortis, il tente, plus ou moins discrètement, d’influencer le tribunal. Mission accomplie : les plaignants sont déboutés. Mais hargneux, ils font appel de la décision. A partir de là, les pressions se font plus précises, notamment entre un magistrat et l'un de ses anciens collègues, entré au Cabinet du Premier ministre.
Par l’un des juges de la Cour d’appel - qui est à la ville l'épouse d’un responsable politique proche du Premier ministre - le gouvernement est tenu au courant en temps réel des décisions des magistrats. En service commandé, le procureur du roi tente, mais en vain, de faire changer les juges, de reprendre l’affaire à zéro.
Et là, premier coup de théâtre : convaincu d’avoir raison, agacé par les révélations dans la presse, le Premier ministre, sans consulter quiconque, fait distribuer aux parlementaires le texte d’une lettre qu’il vient d’envoyer à son ministre de la Justice. Retour de boomerang immédiat, fait sans précédent, le premier président de la Cour de cassation se plaint auprès du président de la chambre basse du Parlement des interventions de l’exécutif dans la procédure judiciaire. La suite est connue : la démission du ministre de la Justice entraîne celle du gouvernement.
Sur le papier, Yves Leterme avait tout pour lui : parfait bilingue, né de père francophone et de mère néerlandophone, il pouvait passer pour un modéré, d’autant plus porté sur le consensus qu’il avait été fonctionnaire européen. Mais il a été à la fois victime de sa génération d’élus, qui contrairement à leurs aînés, ont fait carrière en politique d’un seul coté de la frontière linguistique ; et de son caractère psycho-rigide et peu porté sur le travail d’équipe.
Après une carrière en Flandre, où sa fermeté lui a permis d’aller de succès électoral en promotion flatteuse, il s’est montré incapable de s’adapter au niveau fédéral, qui requiert habileté, doigté, et une idée claire des objectifs que l’on peut raisonnablement s’assigner.
Neuf mois auront été nécessaires pour former son gouvernement, neuf autres mois auront suffit à l’enterrer. Aussi célèbre ici que George Bush, pour sa propension à la maladresse, raillé pour avoir révélé que c’est son chauffeur qui noue sa cravate tous les matins, il laissera, le jour de son départ, le souvenir d’un chef de gouvernement dont les mauvaises langues au Parlement répétaient qu’il aurait, peut-être, fait un bon secrétaire d’Etat.
Toute l’activité, particulièrement fébrile, du Premier ministre au cours de la journée et de la soirée de jeudi visait, justement, à empêcher toute démission individuelle ou collective de son gouvernement, en place depuis neuf mois seulement. Et là aussi, la stupéfiante psychorigidité d’Yves Leterme aura provoqué le contraire de l’effet escompté.
A bout et en proie à une vive dépression, son camarade de parti, le ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, a annoncé sa démission en fin d’après-midi et peu après, le Premier ministre convoquait ses collègues à une réunion d’urgence, afin de leur proposer de jeter l’éponge et de l’autoriser à présenter au roi la démission de l’ensemble du gouvernement.
C’est la faillite d’un style - celui d’un chef de gouvernement, sûr de son inspiration et de son bon droit, multipliant en solitaire les maladresses - bien plus que celle d’un système, que marque cette nouvelle étape dans la descente aux enfers du gouvernement Leterme. Le roi a indiqué dans la soirée qu'il réservait sa réponse quant à cette démission.
En attendant, « la réalité juridique », c’est que la vente de Fortis à BNP Paribas est gelée jusqu’au 12 février, alors que l’offre de la banque française reste valable jusqu’au 24 février.
Leterme - Justice - Fortis
C'est donc l'imbroglio total et des institutions chaque jour un peu plus discréditées. Quand à l'image du pays n'en parlons pas. De l'extérieur, ce serait presque drôle si ce n'était aussi triste, si ce n'était notre pays.