Retour à la cellule de départ pour des adolescents attardés, encore pris dans leurs délires utopistes. Sans remords, pourquoi la "justice bourgeoise" les a-t-elle libéré ?
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On vous parle d'un temps que les journalistes de moins de 40 ans n'ont pas pu connaître : les années de plomb, autour de 1985. Par respect (immense) pour les victimes de ces événements tragiques, on évitera de sombrer dans une nostalgie malvenue qui leur ferait injure. Non, les CCC, ce n'est pas le « bon vieux temps » ! Idem pour les tueries du Brabant, le drame du Heysel, le rapt de Guy Cudell ou, un peu plus tard, les coups de la bande Haemers et l'enlèvement de Paul Vanden Boeynants.
Mais le retour à la surface de notre mémoire de Carette et Sassoye autorise à se souvenir que cette actualité-là, foisonnante et ramassée sur une période très courte, était d'une intensité peu banale.
Pierre Carette, le chef historique, ne renie rien
Il soutient le terrorisme depuis 1976. Et trouve légitime de tuer, au besoin. "C'est la lutte finaaale..."
Après 17 ans de réclusion et à l'âge de 55 ans, le leader historique des CCC, Pierre Carette, travaille chez un imprimeur. Et, affichant son soutien au groupe d'extrême gauche turc DHKP-C encore cette année, ne renie rien ou presque du passé. Un passé lointain, d'ailleurs : dès juin 1976, il met en place un "Comité de soutien aux prisonniers politiques de la Fraction Armée Rouge" (RAF), c'est-à-dire la guérilla communiste allemande de l'époque. En mai 1982, il érige un premier "noyau militant" qui donnera naissance aux CCC. La même année, il s'associe à son maître à penser Frédéric Oriach, membre pour sa part d' "Action directe", quasi équivalent français - tout aussi meurtrier - de la RAF, pour éditer le premier numéro de "Subversion". Une revue ouverte pro-terroriste... Septembre 1983 voit Carette créer le "Collectif Ligne rouge", qui se destine au soutien plus ou moins discret de structures terroristes européennes. Enfin, les CCC entrent en action (directe...) en octobre 1984.
Pierre Carette ne respecte pas la vie des autres, il place ses idées au-dessus. Ainsi, lors d'une attaque, les CCC tirent plusieurs dizaines de coups de feu contre la voiture d'un vigile, qui ne doit la vie qu'à une chance insigne. Eh bien, Carette expliquera tout simplement : "Il n'est pas question qu'un vigile d'une société de gardiennage intervienne sur une opération politico-militaire en cours. Donc le fait de le bloquer là était tout à fait légitime". Tant que c'est la vie d'un autre... Et de renchérir - on est en 2006 : "Oui, l'exercice de la violence peut être nécessaire. Oui, cela peut mener à des drames. Est-ce pour cela qu'il faut arrêter la lutte ?"
On l'a compris : Carette, un intellectuel verbeux, était et est resté tout entier dévoué à "la lutte finale"...