samedi 20 novembre 2010

Willy Demeyer et l'ALG ...

Crédis et sa loge au Standard - 6 janvier 2010
Intercommunales Polémique naissante à l’ALG

Crédis, SCRL de crédit née en extension du Travailleur chez lui (crédit social) et bénéficiant d’un prêt de l’ALG pour fonctionner, loue une loge au Standard depuis août dernier. L’ex-mayeur de Flémalle Gilbert Vanbouchaute (PS) venait de prendre la direction de ladite société quand il a décidé de la doter de cette loge. Et la chose commence à faire jaser au vu du montant que ça représente : environ 40.000 euros par saison pour la location, auxquels il faut ajouter les repas (660 euros pour la table de douze hors boissons, cela une trentaine de fois/an). Sans oublier les suppléments de 2.000 euros demandés pour les matches de coupe d’Europe…
Bref, voici près de 80.000 euros par an sortis par cette société dont à peu près tout le monde, au sein de l’ALG, semble ne jamais avoir entendu parler. « Crédis a été créée pour répondre à un besoin, explique Gilbert Vanbouchaute. Celui des personnes qui sollicitent un crédit social auprès du Travailleur chez lui” et ne peuvent pas le décrocher, par exemple parce qu’ils ont déjà un prêt. On leur propose alors de se tourner vers Crédis… qui a effectivement décidé de prendre une loge au Standard. Nous travaillons avec des courtiers et ces loges sont le meilleur des cadres dans le monde des affaires à Liège. Mais la société fonctionne avec des capitaux obtenus sur le marché des capitaux et il n’y a aucun problème à agir de la sorte ». Des juristes pourraient être plus sceptiques : « Crédis a la même adresse et le même conseil d’administration que le Travailleur chez lui, note cet initié. En regard du droit des sociétés, c’est un consortium de facto et donc le rapport annuel de l’ALG devrait faire mention de Crédis… ». Qui ne serait donc pas vue comme étant tout à fait privée.
A quoi sert donc réellement Crédis ? Est-ce le rôle de l’ALG de lui prêter de l’argent appartenant aux communes pour fonctionner ? Pourquoi un conseil d’administration constitué uniquement de politiques dans une société de crédit privée ? Pourquoi à nouveau Gilbert Vanbouchaute à la direction ? Peu savent vraiment répondre à ces questions. Pas même Philippe Dodrimont (MR), qui fut administrateur-délégué de l’ALG ces deux dernières années : « J’ai essayé d’avoir des informations sur le Travailleur chez lui, j’ai demandé quelle était sa légitimité dans le giron de l’ALG qui n’a pas du tout la même vocation que le crédit social, mais je n’ai jamais eu de réponse à la question. Et Crédis, je n’en n’ai pas entendu parler », s’offusque-t-il.
Un audit de l’ALG
Au sein du PS, on semble n’en savoir pas beaucoup plus sauf dans le chef de Willy Demeyer, président de l’ALG. Ce dernier a démissionné de Crédis en 2006, au moment où il a quitté ses mandats au sein de la SLF et du Country Hall. « L’argent est prêté à un taux de 4 %, ce qui n’était peut-être pas un taux très intéressant à l’époque, mais qui l’est aujourd’hui, explique-t-il. Si le public participe aux câblos via Tecteo, pourquoi ne pourrait-il pas participer à du crédit privé ? Il n’y a pas d’illégalité ».
Certains diront que pour Tecteo, tout le monde était au courant... Pas pour le prêt de l’ALG à Crédis, ce qui pose la question de savoir à quoi servent les représentants des partis siégeant au sein de l’intercommunale. Ce qui ramène le débat à une certaine opacité qui régnerait au sein de l’ALG : « Je suis administrateur à l’ALG et chez Intradel. Quand les administrateurs posent une question dans la première, ils se font remballer, confie Fabian Culot (MR). Quand ils le font dans la deuxième, leur répond illico avec tous les détails. Entre les deux, c’est le jour et la nuit ».
Un audit de l’ALG va être demandé par Willy Demeyer avant qu’il ne cède sa présidence. La question de Crédis va sans nul doute y figurer. Mais le dossier devrait arriver au Parlement wallon avant, via une interpellation de faire Philippe Dodrimont.

Repères
Travailleur chez lui
Cette société de crédit social a été créée en 1929 dans l’élan de l’intercommunale dont elle dépend, l’ALG, qui en est aujourd’hui actionnaire à 92 %. Elle brassait, en 2008, quelques 470 millions d’euros pour des prêts destinés à des personnes ne bénéficiant pas de gros revenus. Crédis a été créée bien plus tard, avec un peu de capitaux privés comme l’explique Gilbert Vanbouchaute (elle a tourné, les premières années, avec quelques millions d’euros), puis avec un gros prêt de 20 millions d’euros amené par l’ALG l’an dernier.
Presotra
Crédis s’appelait Presotra (Prévoyance et solidarité des travailleurs) lors de sa constitution, au début des années 90. En 2004, elle portait toujours ce nom et avait pour président Willy Demeyer, comme administrateur Gilbert Vanbouchaute et comme réviseur DC and Co, représentée par Frédéric Daerden (il y siège en son nom propre depuis 2008). Le changement de nom est repérable dans le rapport annuel déposé en 2005… Avec les mêmes président et réviseur mais un Gilbert Vanbouchaute devenu administrateur-délégué.
Gilbert Vanbouchaute.
Il est directeur de l’ALG, gérant du Travailleur chez lui et désormais directeur général de Crédis. Il détenait, en 2008, 23 mandats, fonctions et professions dont 10 rémunérés.




Lire aussi:
L’ALG en grève contre la fusion avec Tecteo
Suite à une réunion de concertation avec la direction de l'Association liégeoise du gaz (ALG), les syndicats réunis en front commun ont décidé de débrayer. Ils protestent contre les conditions du projet de fusion par absorption de l'intercommunale par Tecteo (réseau électrique multimédia).

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