vendredi 3 avril 2009

Philip Hermann ... 2ème partie

Suite de L'interview de Philip Hermann ... 2ème partie.

Je demandais à Philip quels étaient les projets politiques principaux défendus par son parti et il avait commencé par nous expliquer qu'il fallait faire basculer le centre de gravité en région wallonne et à Bruxelles pas simplement pour prendre la place de ceux qui sont actuellement aux responsabilités mais pour apporter le changement auquel la population aspire.

- En matière de gouvernance publique: la vague de scandales, qui a emporté trois ministres-présidents successifs au cours de cette législature, exige de profondes réformes et pas un traitement au cas par cas pour étouffer les incendies lorsqu'ils se déclarent. Il est nécessaire de prendre les mesures qui permettront d'éviter durablement les conflits entre les intérêts privés ou particratiques, et l'intérêt général. Les mesures cosmétiques prises par la majorité PS-CDH actuelle, ne permettent, par exemple, toujours pas de régler les conflits d'intérêts révélés par l'affaire "Onkendaele", le cabinet révisoral Daerden, les nominations politiques récentes dans l'administration publique wallonne, les manques de gestion au Forem, ou encore le détournement de budgets publics à des fins de propagande électorale par André Antoine.

- Il s'agira également de remédier aux incompréhensibles lacunes dans la gestion du patrimoine public, sauf si on ose les attribuer au point précédent, ce que je me garderai de faire. On peut penser à la dégradation continue de notre réseau routier ou fluvial, à nos réseaux d'égouttage, qui sont les seuls à exploser en Europe dès les premières gelées prolongées. On semble préférer en Wallonie lancer de vastes et coûteux chantiers de rénovation après que les dégradations soient devenues irréversibles, voire se lancer dans de nouveaux projets, plutôt que de d'abord en assurer l'entretien quotidien en bon père de famille.


- En matière d'enseignement et plus généralement de formation: plutôt que d'imposer à des écoles où on se précipite d' accepter certains élèves plutôt que d'autres, il est urgent de relever le niveau des écoles où on ne se précipite pas et particulièrement de revaloriser l'enseignement technique et professionnel en lui permettant d'offrir des formations qualifiantes permettant une réelle chance d' insertion professionnelle à chacun de ses diplômés. L'objectif d'un cours de langue, par exemple, doit être de parler la langue et pas de donner une formation à une culture étrangère. Un mécanicien ne doit pas seulement être capable de démonter une deux chevaux mais surtout d'utiliser les outils logiciels nécessaires pour réaliser l'entretien d'une voiture d'aujourd'hui. Il faut pour y parvenir, associer plus les entreprises et les fabricants d'équipement avec l' Ecole et pas seulement avec certains centres de formation du Forem.


- Les enjeux seront particulièrement cruciaux en matière d'emploi. Il faut arrêter de croire et de faire croire que les solutions pourront provenir du public, surtout au niveau d'endettement et aussi de prélèvement que nous connaissons tant sur le plan fédéral que régional. Les solutions aux problèmes d'emplois ne pourront venir que des entreprises privées, qui visent à faire des profits, il est temps d'accepter cette réalité aussi en Wallonie. Il sera ainsi nécessaire de stimuler plus encore la création d'activités (statut des entrepreneurs, accès au capital-risque, coaching et accompagnement notamment en matière de transmission d'entreprises, soutien aux réseaux d'entreprises et animation, etc.) et d'attirer chez nous des entreprises, qui font des bénéfices, en renforçant encore la position concurrentielle de notre région, notamment par la qualité de nos infrastructures (routes, chemins de fer, aéroports, parcs industriels), grâce à la formation de notre main d'oeuvre mais aussi en utilisant de préférence l'outil fiscal plutôt que la subsidiation conditionnelle des entreprises, qui a révélé toute son inefficacité.

- Enfin et c'est un thème, qui me tient particulièrement à coeur, il faudra réorienter l'économie et la croissance vers des objectifs qui permettront de diminuer notre dépendance énergétique et de résoudre les enjeux climatiques.
Contrairement à ce que certains intellectuels à tricot prétendent, la décroissance, et son cortège de chômage, de pauvreté et de misère, n'est pas la réponse à ces enjeux. Les solutions à ces questions seront technologiques et devront être industrialisées, si elles veulent atteindre leurs objectifs. Jusqu'à preuve du contraire, on n' a encore rien trouvé de mieux que l'économie de marché pour réussir à industrialiser des technologies.
Certes, les pouvoirs publics peuvent et doivent contribuer à cette réorientation, notamment en assumant leurs responsabilités en tant qu'acteurs économiques, gestionnaires de parcs immobiliers (y compris de logements sociaux), automobiles, et aussi en tant qu'opérateurs de services publics. En dépit de tonitruantes déclarations d'intention, il s'agit aussi en priorité de rattraper le retard accumulé en matière de transposition dans la législation wallonne de dispositions, déjà décidées au niveau européen.

On peut citer, par exemple, la certification énergétique des bâtiments, la rénovation et l'isolation des bâtiments scolaires ou encore le fait que 5% des logements sociaux se chauffent encore avec des convecteurs électriques. Ces chantiers sont gigantesques, de même nature que l'adaptation de nos sociétés à la démocratisation de l'automobile, et capables de générer une croissance économique proportionnelle. Il est urgent de saisir cette opportunité de redéployer durablement l'économie wallonne et de remettre sa population au travail.


- La Belgique, la Francophonie et Bruxelles, dans tout cela ?

Comme beaucoup, les questions communautaires m'attristent plus qu'elles ne me passionnent. Je me réjouis pourtant que la fédération du MR compte une importante et influente composante FDF (même si je ne suis pas d'accord, pour le dire calmement, avec la manière dont celle-ci exerce parfois cette influence), qui a à cœur de défendre les intérêts de Bruxelles et aussi des habitants de la périphérie.

Pour le bien même de nos compatriotes flamands, il est important de ne pas céder sur un certain nombre de principes comme le respect du suffrage des électeurs et la nomination des trois bourgmestres de la périphérie, ou le refus de conditionner l'octroi de prestations sociales ou l'exercice de droits civils à des exigences linguistiques (Wooncode, achats de terrain, accès à une plaine de jeu, etc.), particulièrement dans les communes de la périphérie bruxelloise.

Ces questions, même si elles sont instrumentalisées avec verve par les chantres du mouvement nationaliste flamand, portent en elles les germes d'un repli identitaire nauséabond. Il ne s'agit donc pas d'un problème de communication mais de questions de principes, qui, vues de l'étranger et même si elles peuvent parfois s'expliquer par rapport à une histoire commune, où les francophones n'ont pas toujours eu le beau rôle, peuvent même apparaître comme de dangereuses et, en tout cas, inacceptables dérives.

Quant à une réforme de l'état profonde, qui transférerait de larges pans de compétences au niveau régional, il me semble urgent de parvenir à des compromis équilibrés si nous voulons éviter une séparation de notre pays dont chacun sortira d'ailleurs perdant.
Quelques bémols: cette réforme ne peut consister en une énième tentative de réaliser le grand rêve des nationalistes flamands, d'une flamandisation de Bruxelles en vue d'une indépendance à terme d'une Flandre, qui engloberait Bruxelles.

Octroyer des droits et avantages supplémentaires aux Bruxellois, qui feraient allégeance à la Flandre, est simplement inacceptable et justifie le renforcement de la région bruxelloise et de son indépendance financière.Ces compromis doivent être équilibrés.
Il est donc parfaitement illusoire de poser de quelconques préalables à la négociation. Tous les problèmes doivent être sur la table et seule une solution globale, où chacun devra faire des concessions douloureuses, peut être envisagée.

A la date anniversaire des précédentes élections législatives, j'ai créé un sondage sur internet comme un outil d'aide à la décision pour nos politiques: http://www.jevotepourlabelgique.be/, où les nœuds à trancher sont présentés et où chacun peut exprimer son avis. Il reste d'ailleurs encore aujourd'hui en ligne.


- Et Liège, aussi ...

Liège, c'est ma ville. Même si j'ai beaucoup voyagé, si j'ai habité, étudié, travaillé ailleurs, parfois durant de longues périodes d'ailleurs, je n'ai jamais perdu le contact avec "ma" ville. Quand je retourne dans le "carré" ou sur la place du marché, même si je suis resté longtemps absent, je suis toujours sûr d'y retrouver des amis et de passer une bonne soirée.

J'y suis viscéralement attaché et j'ai mal à ma ville !!! Elle m'a vu grandir, je l'ai connue joyeuse, trépidante, festive, j'en connais les secrets, les trésors aussi et j'ai malheureusement aussi assisté à son déclin, à sa paupérisation "inéluctable". Même si aujourd'hui, un timide frémissement semble se faire jour, je suis vraiment en colère contre la majorité PS-cdH aux commandes de celle-ci depuis plus de 25 ans. Je ne parviens pas à comprendre que sa population renouvelle ce mandat depuis si longtemps sans jamais sembler s'étonner d'un si pitoyable bilan.

A Liège, nous avons vécu d'incroyables feuilletons politico-judiciaires où d'anciens ministres se sont faits assassiner ou se sont suicidés après avoir été inculpés d'assassinat, où la place principale, au cœur de la ville, a été laissée à l'abandon pendant plus de 20 ans, où on a creusé des trous partout pendant plusieurs années pour un métro qui n'a finalement jamais existé, le reste est à l'avenant, les pouvoirs publics se sont tellement discrédités, que plus personne ne semble croire désormais qu'un changement soit même possible. Me battre contre une telle résignation, est au cœur de mon engagement en politique...il faut bien que certains s'y collent !!! ;-)


- En dehors de la politique …

Je ne suis venu à la politique que sur le tard et après avoir connu quelques réussites professionnelles. Mon existence, mon horizon ne se réduit donc pas à la politique. J'ai la passion de comprendre, d'observer, d'analyser. Je lis donc beaucoup et je m'informe constamment, j'adore le débat, la confrontation des idées, convaincre...mais je n'ai jamais cessé d'apprendre. J'aime également l'enthousiasme de la création, monter des projets, les réaliser, les voir prendre vie, et aussi se confronter aux innombrables difficultés. J'adore l'intensité des moments décisifs, déterminants, où la réalité bascule.
De manière plus anecdotique, j'aime aussi beaucoup jouer au poker avec des amis, aux échecs. Par dessus tout sans doute, j'aime la mer, la plongée sous-marine, la voile. J'ai longtemps skipper professionnellement des voiliers et leur équipage pendant mes vacances. J'ai aussi convoyé, avec un ami, un petit voilier de 12 mètres de Nieuwpoort jusqu'en Martinique au lendemain de mon service militaire, juste avant d'entrer dans la vie active. Une expérience inoubliable... et pas oubliée. Toujours au creux de l'âme, l'envie de reprendre la mer pour ne plus jamais revenir et... se dire aussi que c'est possible. :-)


-Je voulais aussi ajouter pour terminer que …

Même si cela a souvent été dit, même si la plupart des gens se désintéresse aujourd'hui de la politique, ce scrutin du 7 juin prochain sera déterminant. Faire basculer le centre de gravité n'est pas un vain mot, n'est pas une illusion. Jamais depuis plusieurs dizaines d'années, nous n'avons été aussi près d'un véritable changement en Wallonie et avec cette crise financière, qui n'est que le reflet de crises plus profondes (énergétique, climatique, eau, alimentaire), jamais ce changement n'a été plus nécessaire. Alors la campagne sera dure, nous assistons depuis plusieurs mois à une véritable chasse à l'homme contre Didier Reynders. Les attaques personnelles n'ont pas cessé depuis sa victoire au dernière élections fédérales alors que son action comme ministre des finances a certainement permis de sauver le système bancaire belge et aussi européen. Avant le sauvetage de Fortis, souvenons nous que les banques...on les laissait parfois faire faillite: Bear Stern, Northern Rock, Lehman Brothers ou encore Kaupthing.

Mais il ne faut pas avoir peur. Si ce changement est nécessaire et même si les adversaires politique du MR ne manqueront d'agiter les épouvantails, je suis convaincu qu'il est possible de sortir par le haut de ces crises. Cela exigera des efforts, du travail et ce ne sera pas facile...mais le désespoir n'est pas permis, ces crises sont aussi des opportunités qu'il nous faudra saisir. Le programme du MR se décline en propositions concrètes, qu'il est possible de mettre en oeuvre immédiatement. Il est réaliste et crédible, ce ne sont pas ses moindres qualités.Et encore merci de me donner l'occasion de me présenter sur ton blog.


C'est avec grand plaisir, Philip.

A bientôt !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

amen lol j'ai lu j'aime beaucoup ton illusion ;-))
mais pourquoi etre fier d'une tentative de sauvetage des banques qui gangrenent notre economie pour quelques ronds de cuir qui bien souvent sont des incapables conservateurs ! a force de tout fausser il ne reste rien pour le vrai plaisir de vivre, l'evolution et le changement ;-) il est temp d'agir et je te soutiens a 10000 % pour éradiquer tous ces faschoos

d a dit…
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