BH : Vous faites partie du comité de pilotage des assises de l’inter culturalité. D’abord pourquoi est-ce que vous avez accepté ? Vous étiez déjà dans la précédente commission, commission du dialogue interculturel, dont les conclusions sont restées un petit peu pendantes. Elles sont toujours dans un tiroir, bien à dormir, à part quelques-unes qui ont été appliquées, on le dira quand même ; mais est-ce que ça va vraiment servir à quelque chose, ce grand nouveau machin ?
- La première n’a pas eu beaucoup de résultats, mais enfin comme on disait : il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre. Je pense que face à des problèmes qui sont des problèmes tellement importants, donc réussir cette coexistence, vivre ensemble et pourquoi pas que les gens s’aiment et s’apprécient, dans nos sociétés …c’est tellement important… que j’étais prêt à y participer. Alors je vous dirais : « je ne suis pas du tout sûr que ça réussisse, parce qu’elle est très hétérogène »
BH : Finalement c’est une manière de refaire un point assez général sur notre modèle entre guillemets, d’intégration. On se souvient d’il y a quelques années : « le modèle d’intégration est un échec »… cette phrase de Daniel Ducarme qui avait fait beaucoup parlé d’elle. Quelle vision avez-vous de notre modèle d’intégration. Diriez-vous que c’est un modèle réussi, qui a porté ses preuves, à améliorer… ou est-ce que vous portez un regard un peu plus dur ?
- Non, je porte un regard critique, mais enfin je sais que peu de pays modernes et démocratiques ont réussi ce type d’intégration. C’est un problème extrêmement difficile aujourd’hui ; et je dirais que c’est la raison pour laquelle il faut absolument …d’abord éduquer les gens, éviter le racisme, faire en sorte que nous ne soyons pas dans une sorte de forteresse de la vieille Europe… Nous devons accueillir ceux qui viennent du monde entier et qui respectent les valeurs démocratiques et les droits de l’homme et que la société soit métissée, qu’elle soit de plusieurs couleurs …cela peut être un enrichissement extraordinaire… Mais il y a deux conditions … La première condition, je vous l’ai dit : c’est d’éviter le racisme. Et le racisme existe des deux côtés. Le racisme existe aussi dans les minorités. Ce n’est pas parce que vous êtes opprimé, que vous n’êtes pas raciste. Il y a dans la majorité, un très fort sentiment de rejet, parfois de la part d’une frange d’extrême droite, qui est anti arabes, antiturcs, antimusulmans. Il y a dans le monde arabo musulman un antijudaïsme, un antisémitisme, qui est très présent, il y a dans d’autres groupes, des haines, d’autres groupes, de vieilles histoires, sur lesquelles il faut travailler. C’est un grand enjeu de l’éducation. Donc c’est très, très important. La deuxième chose contre laquelle il faut lutter c’est l’intégrisme religieux, parce que quand il y a des problèmes, quand il y a des conflits, quand les gens sont dans une position de vulnérabilité, ils sont évidemment captés par des groupes intégristes et il faut absolument l’éviter ; et pour cela je pense que le modèle de la laïcité est un modèle tout à fait fondamental. Et je pense qu’il faut expliquer cela aux gens. La laïcité c’est un Etat et qui est l’Etat de tout le monde. Laos, cela veut dire « peuple »… L’Etat est l’Etat de tout le peuple et pas de ceux qui pratiquent une religion ou une autre ; et ça a été un grand combat en Belgique, contre la domination du catholicisme. Et donc l’idée que la sphère publique, l’Etat, l’école, soit à distance des pressions religieuses, est un élément essentiel. Il faut l’expliquer. C’est bien avant l’arrivée des communautés musulmanes ou d’autres communautés. Et je pense que ça c’est un élément tout à fait essentiel. Il faut lutter contre le racisme, mais il faut préserver ce modèle de laïcité. Cela veut dire : l’Etat pour tous, liberté pour chacun et l’Etat ne prend pas parti en fonction d’un groupe. Mais pour cela il faut éviter que les religions, d’où qu’elles viennent, recolonisent l’Etat.
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