jeudi 12 février 2009

Une certaine conception de l'Etat ...

Laurette Onkelinx était invitée par Bertrand Henne, lundi sur Matin Première.

Extrait à propos d'un nouveau concept: une sécurité sociale qui réalise des investissements ... pour cacher une vieux concept: les éternels comptes déficitaires des portefeuilles onkelinxiens.

BH - On va donner le chiffre, 1 milliard 7 d'Euros, 700 millions d'Euros de trop, cette année ?

LO - De perspective pour 2009, alors pourquoi, mais c'est assez facile à comprendre. Quand vous avez un ralentissement économique, vous avez moins de rentrées de cotisations puisqu'il y a moins de travailleurs. Par contre, la Sécurité sociale doit intervenir plus notamment quand vous avez des travailleurs qui vont au chômage, on paie des prestations supplémentaires. Donc ça, c'est facile à comprendre.

BH - C'est conjoncturel, c'est ça que vous dites ?

LO - Voilà et puis de toute façon, la Sécurité sociale a décidé d'investir contre la crise. Quand on investit avec des diminutions de cotisations sociales, c'est pour relancer l'activité économique. Quand on augmente les pensions, c'est pour la consommation. Quand on augmente les allocations familiales et

il y aura encore des augmentations en 2009, c'est également pour le pouvoir d'achat. Donc en même temps parce qu'elle investit contre la crise et parce qu'elle reçoit les effets de la crise, effectivement, la Sécurité sociale a un déficit programmé assez important de plus de 1 milliard 7 pour 2009.

BH - Alors il y a eu des diminutions de charges, etc, des décisions prises par le Gouvernement qui ont plombé ce budget. On avait parlé à ce moment-là d'un financement alternatif et puis finalement Didier Reynders avait dit non, ça ne sera pas possible. Où en est ce financement alternatif puisqu'il faut trouver des solutions structurelles pour rembourser, pour refinancer la Sécurité sociale ?

LO - C'est évident, je crois qu'on ne peut pas accepter une Sécurité sociale qui reste dans le rouge, il faut absolument qu'elle puisse être en équilibre.

BH - Et comment est-ce qu'on fait ?

LO - Alors, on a diversifié les sources de financement de la Sécurité sociale. Ce ne sont plus seulement les cotisations, c'est aussi le produit de toute une série de taxes, c'est aussi un financement qui provient de la TVA et d'une dotation de l'Etat. Alors un de nos problèmes, c'est évidemment la

TVA. Puisque nous avons un peu plus de 23% de la masse TVA, quand celle-ci diminue à cause de la crise, nous avons moins. Donc il faudra trouver le moyen de refinancer la Sécurité sociale, nous en avons besoin.

BH - Vous avez des pistes ?

LO - On a évidemment des pistes mais je veux dire que la discussion autour du budget 2010, sera difficile. Quand vous voyez les pistes de certains, regardez encore ce week-end, quand vous voyez les pistes d'un Aernoudt qui dit clairement, eh bien, est-ce que l'indexation des salaires est une bonne chose ; est-ce qu'il ne faut pas aussi que les chômeurs aillent plutôt au CPAS. Outre que ça n'arrange en rien la crise, ça appauvrit seulement les travailleurs, les chômeurs et si on ne fait rien pour la Sécurité sociale des pensionnés. Donc je pense qu'il y a comme d'habitude, des remèdes un peu fous, de cette droite radicale et puis nous, nous travaillerons sur la relance économique, sur l'augmentation du pouvoir d'achat et sur des refinancements qui devront toucher l'ensemble des revenus et notamment les revenus du capital.

BH - Vous dites ça, donc vous ne dites pas aujourd'hui, on va prendre des mesures pour éviter un dérapage des dépenses, vous dites, il faudra de nouvelles recettes notamment par des taxations sur le capital ?

LO - Je dis aussi qu'il faudra être très strict sur les dépenses en ce sens qu'il faudra éviter plus que jamais tous les abus ; que ce soit au niveau fiscal, que ce soit au niveau social, les abus ne sont pas acceptables si on veut que notre système soit viable à long terme.

BH - Alors Rudy Aernoudt, vous venez de citer son nom, j'embraye, il a présenté ses priorités ce week-end de son nouveau parti, Lidé, alors, c'est un adversaire pour le PS, Rudy Aernoudt ou c'est un allié qui pique les voix du MR ?

LO - Oh, je ne regarde pas ça comme ça, c'est un, vous savez, fin des années 70-80 comme ça, on a eu autour de l'ancien PSC, une droite très radicale, le CEPIC, qui avait des propositions en fait qui ressemblent très fort aux propositions de Rudy Aernoudt. Donc il y a là potentiellement avec des

personnes comme Monsieur Aernoudt mais d'autres aussi comme Monsieur Destexhe, etc, la possibilité de radicaliser encore un peu plus le discours libéral. Et donc dans les solutions pour l'avenir, pour notre modèle économique et notre modèle social, ça peut être des difficultés supplémentaires certainement.

BH - C'est un message à Didier Reynders, vous dites, attention, s'il s'allie avec Rudy Aernoudt, vous allez encore radicaliser le MR, ça sera plus difficile de diriger avec vous,

LO - Alors là,

BH - C'est ça que vous dites ?

LO - Je ne dis pas ça, je dis, il fait exactement ce qu'il veut, je constate que pour le moment,

il fait un peu la danse du ventre avec d'un côté, Monsieur Aernoudt, d'un côté, Ecolo, ça fait des déhanchements assez prononcés qui peuvent finir par lui faire peut-être un peu de mal mais bon, ça, c'est son choix, c'est son problème, ce n'est pas le mien. Moi, je défends une certaine conception de l'Etat et de la puissance publique ; je défends la conception d'un modèle social basé sur l'emploi mais où personne n'est oublié.

2 commentaires:

x a dit…

... rechercher des pistes alternatives de financement de la sécu ne résout rien.

C'est un leurre... un moment, l faut cesser de découpler les impôt et la raison pour laquelle ils sont perçus... Car c'est ainsi que fonctionne les Finances belges : tous les impôts sont versés dans un pots communs appelé "budget" et redistribué en fontcions des besoins....

Ce qui fait que les impôts et accises que l'on paie pour circuler (TMC, TC, Accises sur les carburant, TVA (dont TVA sur les accises... vous avouerez que c'est cynique), taxe CO² etc) ne servent pas à financer l'entretien des routes ou les modes de transports alternatifs...

Ne pensez pas non plus que la télé-redevance finance la Reuteubeuf ou les télés locales ni que les taxes sur le tabac ou l'alcool servent à soigner les cancers du poumons ou du foie...

Pourtant.. ce serait bien là l'idéal que de percevoir avec un but identifié et non pour "le pot commun"...

On en arrive donc a des situations abérrantes d'utiliser la TVA pour financer le sécu... mais celà veut aussi dire retirer les revenus TVA d'une autre enveloppe... mais laquelle? Mystère et boule de gomme... viens que je t'embrouille...

Il serait aussi temps de se poser la question du bien fondé de certaines allocations, de certaines majorations, de certaines exceptions... en bref, ce serait aussi pas mal de simplifier le système et de voir où on peut un peut optimiser, éviter les fraudes qu'elles soient fiscales ou sociales d'ailleurs...

Mais de ça, surtout pas.. trop simple = trop clair... trop clair = moins de possibilité de fraude pourtant... mais aussi moins de possiblité de brouillard?

himself a dit…

@Chaos,

dans le même ordre d'idée, je suis partisan également de pouvoir indiquer dans un certain pourcentage la destination des impôts, comme par exemple et me semble-t-il en Allemagne pour la contribution au financement des religion.
Par exemple, je pense au soutien de politiques spécifiques, telle celle de l'immigration.