Chronique extrêmement intéressante dans "La Libre" de ce matin:
Comment décoder l'imboglio politico-comique belge...
Quatre clés qui permettraient de comprendre les acteurs et les actes qui nous sont rapportés tous les jours.
À propos de cette vidéo
Sans gouvernement depuis plus de 110 jours, la Belgique s'enfonce dans la crise. On parle désormais ouvertement d'une partition du pays. Le conflit entre Wallons francophones et flamands néerlandophones se cristallise dans la banlieue de Bruxelles. Dans ces communes, situées en Flandre, mais peuplée en majorité de francophones, la guéguerre culturelle et linguistique fait rage...
Site de l'émission: http://www.miseaupoint.ch
La substantifique moëlle serait:
1. Une première donnée est l'identité flamande. Il existe une nation flamande forgée à partir des injustices subies dans le passé. Bien que celles-ci aient été réparées, leur souvenir ne s'est pas effacé. Le nationalisme survit. Il est à la fois conquérant et craintif. Malgré un langage souvent tonitruant, il n'est pas sûr de lui-même. Il a peur de l'expansion de la langue française et de ce qu'elle représente, et veut construire partout des digues pour la contenir. Là où les francophones sont présents sur la terre flamande, il les expulse (université de Louvain) ou veut les assimiler (autour de Bruxelles).
2. La seconde donnée de base est la présence ou l'absence d'un projet. La vie politique est maîtrisée grâce à des projets. Les Flamands en ont un. Il consiste à attribuer à la Flandre l'essentiel des compétences politiques - c'est-à-dire donner à la nation un Etat - et à garder à la Belgique seulement ce qui est avantageux pour eux, comme l'image sur le plan international.
Au-delà de cette tendance confédéraliste, il existe un courant important qui aspire à l'indépendance totale. Les deux suivent, jusqu'à un certain point, le même chemin. Cela explique le cartel CD & V et N-VA où confédéralistes et indépendantistes sont ensemble. Par ce truchement, ceux qui visent l'indépendance de la Flandre sont aussi à la table des négociations. Leur intérêt est évidemment de mettre des bâtons dans les roues, car tout ce qui contribue à affaiblir la Belgique fait avancer leur cause. Il ne faut donc pas s'étonner si nous n'avons pas encore de gouvernement.
Face au projet flamand, point de projet francophone. Les Wallons et les Bruxellois savent ce qu'ils ne désirent pas, mais ne savent pas ce qu'ils veulent. Ils ont des tactiques, mais ils n'ont pas de stratégie. En cas de rupture, ils ne disposent pas de solution de rechange commune.
3. On pouvait dire pendant longtemps que la Belgique se définissait comme une communauté de destin. Mais sans le ciment d'un patriotisme partagé, d'une adhésion nette, quelle peut être la solidité d'une construction politique ? La question centrale concernant l'avenir est donc celle-ci : tous les Belges ont-ils envie d'un destin commun ? Sont-ils prêts à vivre ensemble ? Le doute porte sur la réponse.
4. Parmi les données fondamentales, il existe un élément positif. La culture politique belge est, comparativement à d'autres pays, foncièrement pacifique. Les affaires se règlent sans dépasser les cadres de la légalité. La violence est un phénomène rare. Le compromis est cultivé comme un art. C'est un atout indéniable. Mais il présuppose que nous répondions positivement à la question posée plus haut : voulons-nous rester ensemble ?
L'entièreté de la chronique, ici
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