mardi 29 avril 2008

Digital Innovation Valley

La "D.I.V.", c'est un "concept", lui-même associé à la candidature de Mons comme ville culturelle européenne en 2015, un autre concept fort éthéré, mais dont on aimerait comprendre les quelques lourdeurs financières publiques possibles, car "quand on aime, on ne compte pas", un autre concept que l'on a déjà pu vérifier ...

J'étais déjà relativement (fortement) critique sur l'arrivée prochaine et prévue de l'abuseur de position dominante dans le Hainaut en association avec ce qui pourrait paraître comme l' amuseur de démocratie local, mais j'attendais des chiffres plus précis, concernant l'implication financière du secteur public dans cette mascarade, car les premiers communiqués annonçaient d'une manière sibylline un investissement "de quelque 2 millions d’euros sur trois ans", sans savoir initialement de la part de qui: Microsoft, La Région, les deux ... ?
Cela me semblait tellement peu pour autant de show, que cela ne pouvait que paraître suspect pour ceux "qui voient le mal partout" et qui ne comprennent pas le bonheur de pouvoir promettre 250 malheureux emplois ... quelle qu'en soit l'éthique.

Quand certains critiquent l'ingénierie fiscale, certains (parfois les mêmes) pratiquent l'inceste financier, un proche parent au premier degré, qui vise dans sa version simplifiée à représenter à la fois le pouvoir subsidiant et l'organe subsidié, mais avec dans ses versions les plus perverses, une position cumulée de juge et partie, de pouvoir local et de tutelle sur l'organe décideur et d'autres formes encore dont seule la perversion a ses raisons.

Les premiers chiffres nous arrivent ... et j'essaie de résumer:

Les instances publiques soutiendront massivement ce projet multiple.
D'ici le début de l'an prochain, le Parc technologique Initialis, aménagé avec une visibilité certaine aux portes de Mons, accueillera un« Microsoft Innovation Center ».

Au stade actuel des engagements pris par Microsoft, ce dernier avancerait 1,2 million € sur trois ans, la Région Wallonne faisant apport de 1,5 million sur la même période.

Le bâtiment sera acquis, en co-propriété, pour 2,2 millions EUR par l'intercommunale Idea et la SA Virtual Incubateur en constitution (87,5 % Région Wallonne, 12,5 % groupe IMBC via sa filiale immobilière).
L'investissement de réaménagement complet de l'infrastructure ainsi que les équipements est estimé à 1,3 million €. La quasi-totalité des frais et des réaménagements de ce bâtiment ex-Telindus est assurée par la Région Wallonne (cabinets Marcourt et Antoine).

Digital Innovation Valley: Un quart de l'espace sera pris en location par le MIC, le solde des surfaces accueillera ce qu'on appelle à Mons la future « Digital Innovation Valley ».
C'est dans le cadre de ce programme que prend place la SA Virtual Incubateur, avec création d'un incubateur dit de « 3ème génération », infrastructure co-supportée par la Région Wallonne et l'invest IBC. Cet outil d'accueil pour les entreprises sectorielles naissantes bénéficiera également aussi aux start-up lancées sous l'égide du MIC de Microsoft.

La SA Virtualis (1,1 million € de capital annoncé), où les opérateurs privés approchés devraient détenir un peu plus de 66 % des parts. Gros effort encore ici de l'invest IBC qui apporte dans la corbeille 550 000 @ dont 200 000 en capital. Associé également, Hoccinvest, outil sœur du Hainaut occidental, apporte 250 000 @ dont 100 000 en capital.
A noter que Wallimage contribuera également au capital de la SA Virtualis à hauteur de 100 000 €, l'outil financier que pilote Philippe Reynaert devant aussi, à terme, rejoindre le site d'Initialis.

En marge de ces projets, il faut encore ajouter une enveloppe de 2,4 millions € consacrée à la formation et 5,5 millions injectés dans le projet Image et Son lancé en partenariat avec Multitel, une émanation de l'UCL.
A ce stade, l'émergence d'une « Digital Innovation Valley » à Mons, aura mobilisé une enveloppe publique, toutes sources confondues, de l'ordre de 12 millions €.

On est loin du 1,2 million € sur trois ans de la Région Wallonne , qui semble être seul organisme de la myriade susmentionnées, a être auditionnable par la Cour des Comptes ...
Les perversions incestueuses se passent toujours à l'abri des regards.

Updated
(27/04/2007) L'euphorie collégiale s'explique bien sûr par les emplois que générera le centre de données de Google, société internationale emblématique en croissance constante. Ses représentants se montrent d'ailleurs très élogieux envers leurs interlocuteurs dans ce dossier, que ce soit la Région wallonne et l'Ofi (Office for Foreign Investors), l'Awex (Agence wallonne à l'exportation), l'intercommunale Idea et les acteurs locaux.
Et quand on sait, en plus, que la Région wallonne octroie 5 millions d'euros (en aides à l'expansion économique) à son hôte de choix, qui en consacrera 50 fois plus, il est, en effet, permis de se réjouir. "C'est positif, à mon sens ! On nous demande toujours de veiller à l'argent public et il y aurait maintenant un étonnement parce qu'on a bien fait ça ?", a ironisé, détendu, Jean-Claude Marcourt, en réponse à la question d'un journaliste.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Vous semblez trouver que ce sont des dépenses trop grandes et de ce fait inutiles. Je suis d'un avis tout à fait opposé.

La ville de Mons essaie de se payer une autre image que les gueules noires du Borinages et son taux de chômage qui va avec. 15 millions n'est pas cher payé pour un tel projet.

Je cite G. Mankiw, célèbre économiste américain :
"Souvent quand on réalise un projet d’investissement, on ne débourse des fonds immédiatement, mais les recettes ne sont récoltées que plus tard. [...] Le niveau de vie d'un pays repose sur sa capacité productive"

A partir du moment où Google et Microsoft sont là, rien que leur nom attirera d'autre entreprises.

Ces "noms" vont encourager l’épargne et l’investissement d'autres sociétés dans la D.I.V.
Cela va créer un centre IT comme il y en a peu en Europe et je pense que c'est absolument ce qu'il faut à la région de Mons-Borinage.

Capron Romain

himself a dit…

@Romain

Merci pour cette réaction contradictoire. Vous donnez un avis, mais il aurait plus de force s'il était étayé par qqes chiffres.

En effet, avec près d'un an de recul, pourriez vous nous informer de:

- Combien d'emplois directs et locaux procurent les deux entreprises citées.

- Combien d'impôts ont payés ces entreprises

- Combien d'entrerpises privées liées à ces activités se sont installées

Voici pour dans un premier temps.

D'aure part, vous affirmez "Mons essaie de se payer une autre image que les gueules noires du Borinages et son taux de chômage qui va avec"

Cette affirmation n'est valable en gros qu'en Wallonie - l'ensemble des autres régions minières/sidérurgiques florissantes en Europe ont trouvé a se reconvertir depuis plusieurs décennies. Le sommet de l'iceberg du syndrôme wallon: HF6.

Le reste, comme vous le précisez, c'est juste une question d'image; en cette matière, votre région possède un champion.

A bientôt.