mercredi 14 octobre 2009

« Tous bilingues en l'an 2000 »

Et trilingues en 3000 ?

Pour mémoire: Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale - Session ordinaire 2000-2001, réunion du jeudi 29 mars 2001 (Pge 3)


Interpellation de M. Benoît Cerexhe à M. François-Xavier de Donnea, Ministre-Président du Gouvernelent de la Région Bruxelles-Capitale concernant “les initiatives prises par le Gouvernement régional pour promouvoir la connaissance des deux langues de la Région de Bruxelles-Capitale”.

M. Benoît Cerexhe .- Ce n’est pas à vous, qui êtes bon bilingue, que je dois dire que l’apprentissage du néerlandais est chose capitale pour les jeunes Bruxellois, quels que soient leur milieu et leurs origines.
Une bonne connaissance des deux principales langues nationales est une nécessité politique et sociale et est presque un pré-requis dans la recherche d’un emploi en Région bruxelloise.
Toutes les études récentes sur l’évolution de l’emploi dans notre région montrent combien l’argument de la non connaissance du néerlandais est avancé par les recruteurs pour masquer des discriminations à l’embauche et justifier le nonengagement de candidats bruxellois d’origine étrangère.
La question de l’apprentissage du néerlandais à Bruxelles a refait surface ces dernières semaines, à la lumière de plusieurs faits d’actualité comme les difficultés rencontrées par Ixelles, Saint-Gilles ou Molenbeek à dispenser dans leurs écoles l’enseignement du néerlandais, vu l’impossibilité de remplacer un professeur en congé de maternité. Par ailleurs nous avons appris que dans certaines écoles de la Région, le minimum légal de 5 heures de néerlandais par semaine pour les 5ème et 6ème primaires, n’est même plus dispensé.
D’autres faits récents sont à souligner comme l’exclusion d’une école néerlandophone d’un élève francophone, et l’exclusion d’une académie d’Uccle, francophone, d’une enfant francophone inscrite dans l’enseignement néerlandophone.
Je m’inquiète de ce retour en force des "inspections linguistiques" dans le milieu scolaire, lesquelles s’apparentent de plus en plus à des "inquisitions linguistiques".
On voudrait décourager ceux qui souhaitent avoir une bonne connaissance des deux langues que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Je vous interpelle sur l’action que vous menez, vous et votre Gouvernement, pour favoriser le bilinguisme en Région bruxelloise.
Vous ne pouvez être suspecté d’ostracisme ou de fermeture en cette matière; pourtant la situation est loin de s’améliorer et l’objectif fixé par Mme Onkelinx lors de la législature précédente, que tous les élèves francophones soient bilingues d’ici 2002, est loin d’être atteint.
Notre Région n’est pas à proprement parler compétente en cette matière, et nous ne plaidons pas ici pour une régionalisation de la compétence "Enseignement". Mais vous n’êtes pas sans pouvoir. Il est trop simple de se retrancher derrière le
défaut de compétence pour se contenter de regretter le caractère négatif d’un constat. Il nous faut bouger.
Il est temps que l’on réfléchisse sérieusement à la manière dont est et sera dispensée, à moyen et long termes, la seconde langue dans la Région bilingue de Bruxelles-Capitale.
Qu’attendez-vous pour initier cette réflexion? Qu’attendez-vous pour inviter votre homologue de la Communauté française à tenter de trouver un début de remède? Il est trop simple de se contenter d’affirmer que la carrière d’enseignant n’est plus attrayante. Faisons preuve d’imagination.
Qu’attend-on pour tenter à Bruxelles les expériences que l’on mène aujourd’hui dans certaines écoles de Wallonie d’immersion linguistique? Que fait votre gouvernement pour promouvoir ces programmes d’immersion? Les écoles européennes montrent à merveille que l’enseignement en diverses langues fait des élèves plurilingues distingués. Pour nous, la création d’écoles bilingues - une par commune - donnant les cours alternativement dans les deux langues, est une expérience
à tenter, fût-ce à titre expérimental. Cela existait en Région bruxelloise il y a une vingtaine d’années, j’en ai retiré moi-même les bénéfices. Vous me répondrez peut- être que les législations sur l’emploi des langues en matière d’enseignement sont trop rigides. Pourquoi ne pas initier une réflexion sur une modification de cette législation?
Nous avions, lors des premiers travaux de la Costa bruxelloise que vous présidiez à l’époque, souhaité que ce sujet soit mis à l’ordre du jour. Vous avez préféré un menu plus restreint.
Sans autre forme de procès. Nous sommes pourtant convaincus qu’en cette matière nous pouvons trouver un large consensus bruxellois qui dépasse les clivages linguistiques. Les parents francophones sont demandeurs d’un enseignement du néerlandais de qualité; autrement pourquoi mettraient-ils autant leurs enfants dans l’enseignement néerlandophone? Les statistiques sont d’ailleurs en hausse.
Par ailleurs, les Flamands de Bruxelles se plaignent régulièrement de ce que les écoles néerlandophones sont fréquentées par trop d’élèves francophones, ce qui créerait un handicap pour les élèves néerlandophones eux-mêmes. Il y a un évident intérêt commun - Francophones et Flamands - à ce que l’apprentissage du néerlandais se déroule de la meilleure manière qui soit en Région bruxelloise. Comptez-vous présenter dans les jours et semaines qui viennent cette revendication auprès des représentants des autres niveaux de pouvoir? C’est notre souhait.
Nous souhaiterions aussi que vous soyez à l’origine d’un accord de coopération avec les deux grandes Communautés de notre pays, visant à permettre les échanges de professeurs flamands et francophones entre écoles des deux Communautés.

J’ose espérer que l’ORBEM et Bruxelles-Formation dispensent des formations permettant de combler les lacunes en néerlandais des demandeurs d’emplois. Ces formations, pour utiles qu’elles soient, n’en sont pas moins un emplâtre sur une jambe de bois.

Et maintenant, Monsieur le Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale depuis 2004, chargé de l'Economie, de l'Emploi, de la Recherche scientifique et du Commerce extérieur, mais aussi Membre du Collège de la COCOF, chargé de la Fonction publique, de la Politique de la Santé et de la Formation professionnelle des Classes moyennes ... on en est où ?



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