Bertrand Henne reçoit Christine Defraigne ce vendredi matin. Ce jeudi après-midi, elle a perdu sa place de chef de groupe MR au Sénat. Elle met en cause depuis quelques jours le clan Reynders. Est-ce une vengeance? La guerre est-elle ouverte au MR ?
Extrait:
BH - En tout cas, un de vos collègues Sénateurs vous a dit, c'est Didier Reynders qui m'a demandé de vous dégommer, quoi ?
CHD - Mais évidemment, mais vous savez, moi, je voudrais dire que je n'ai rien contre Didier Reynders à titre personnel. Moi, je lui conserve mon, j'ai envie de dire, même mon affection, mon estime, j'ai de l'admiration pour lui, pour ses grandes qualités intellectuelles, je pense qu'il a fait face à une crise financière et boursière absolument incroyable et qu'il a réagi en homme d'Etat. Simplement, je pense que ici, ce n'est pas en dégommant quelqu'un, en éjectant quelqu'un, quels que soient ses qualités, ses défauts, qu'on va pouvoir apaiser les choses, construire, travailler. Imaginez, je pense qu'en m'éjectant, il donne peut-être raison à tous ceux qui se sont exprimés mais qui, en off, et moi, je suis peut-être, on est peut-être trois, quatre à nous être exprimés publiquement. Vous savez, à un moment donné, c'est un choix et comme je vous l'ai dit tout à l'heure, vous avez entendu la chanson que j'ai choisie, vous savez, il y a des gens qui ont dit des choses terribles, mais bien plus terribles que moi, mais qui ne se sont pas mouillés, c'est, c'est leur responsabilité, c'est leur liberté évidemment, puis moi, à un moment donné, j'ai fait le choix de m'exprimer et beaucoup de gens m'ont dit, mais tu as dit tout haut ce qu'on pensait tout bas, mais j'en fais les frais, point.
BH - Vous avez quand même été assez rude, j'ai regardé vos notes, parce que vous dites, c'est vrai, j'ai toujours respecté mes collègues, eux, ne le pensent pas, quoi, vous dites nano-oligarchiques qui confisquent le pouvoir avec des gens qui restent tout près de Didier Reynders pour des raisons alimentaires, c'est vrai que c'est rude !
CH - Bon, c'est peut-être un peu rude quand je dis nano-oligarchie, ce n'est pas nano dans le sens de "nain", c'est une petite oligarchie, c'est quelques,
BH - Un petit nombre de gens ?
CHD - Un petit nombre de,
BH - Qui confisquent le pouvoir, c'est ce que vous dites ?
CHD - De gens, mais oui, parce que vous savez, j'ai parfois l'impression que Didier n'a pas toujours été bien conseillé, qu'on ne lui a pas toujours donné les bonnes réactions et que, eh bien, c'est mon sentiment, mais que si les personnes aimaient vraiment Didier et ne pensaient pas à leur intérêt, à elles, d'abord, je ne citerai pas de nom, c'est pas la peine, c'est pas un règlement de compte, si les personnes aimaient vraiment Didier, l'intérêt de Didier, elles lui auraient peut-être donné d'autres conseils, c'est tout.
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Tilmans remplace Defraigne
Comme on pouvait s’y attendre (voir mon article précédent) Christine Defraigne a donc été défenestrée par le groupe MR du sénat. La liégeoise n’est donc plus chef de groupe et est remplacée à cette fonction par Dominique Tilmans.
Dominique Tilmans: "Christine a dérapé... "
Nouvel épisode, sanglant, dans la guerre des tranchées que se livrent, depuis plusieurs mois, les deux clans rivaux au sein du MR: les pro- et les anti-Reynders.
La bombe Reynders prête à exploser - TéléMoustique n°4368 du 14/10/2009
Le président du MR est de plus en plus contesté au sein même de son parti. Après les seconds couteaux, des poids lourds sortent du bois.
"On ne peut pas dire qu'on soit à l'aise au MR." - Louis Michel
On pensait le feuilleton estival anti-Reynders étouffé. Ou du moins, l'omniprésident du MR le croyait-il, après avoir mis le couvercle sur la casserole de la contestation, en promettant une grande réforme interne... pour le printemps 2010. Mais l'image de Didier Reynders est de plus en plus exécrable. Au dernier baromètre politique La Libre/RTL-TVI, il perd encore 5 %. Des élus et beaucoup de militants en sont convaincus: avec lui, le MR va une nouvelle fois dans le mur aux prochaines élections fédérales de 2011. La saga a donc repris de plus belle en ce début d'automne.
Et cette fois, ce sont des poids lourds du parti qui sortent du bois. Christine Defraigne est chef de groupe MR au Sénat. Aux dernières régionales, elle a récolté 20.000 voix à Liège. Ce qui n'est pas rien, dans le fief Reynders. Après avoir dénoncé la mainmise du Grand bleu et de son clan sur le MR liégeois la semaine passée dans Le Soir, elle appelle ici à une rapide refonte des pratiques du parti. Pour la toute première fois, Frédérique Ries brise elle aussi l'omertà. Pas question d'attendre le printemps pour apaiser le parti. L'affaire doit être pliée pour la fin de l'année. Si la députée européenne ne fait pas partie des cadres du parti, elle pèse plus de 100.000 voix aux élections européennes. C'est du lourd.
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Christine Defraigne
Vendredi dernier, Christine Defraigne nous appelle en catastrophe pour nous demander de ne pas faire paraître cette interview. Après l'entretien critique paru la veille dans Le Soir, la sénatrice craint qu'une deuxième interview dans Télé Moustique soit, à tort, interprétée comme un geste de provocation et de défiance: "Je ne veux pas bouter le feu au parti". Dans la soirée, nous apprenons que Christine Defraigne affrontait en fait un dégommage pur et simple. Des sénateurs MR tentaient d'organiser la destitution de l'élue liégeoise en tant que chef de groupe au Sénat. Nous avons donc décidé de publier cette interview. Parce qu'elle est nuancée. Et qu'elle démontre par l'absurde le niveau de paranoïa atteint par la direction du MR et ses zélés soldats. Jugez vous-même.
Pourquoi vous exprimer publiquement?
Christine Defraigne. - Parce que les choses doivent pouvoir être entendues. Mais je voudrais d'abord dire que je ne fais aucune fixette sur Didier Reynders. J'ai pour lui de l'affection et de l'admiration. Il me fascine par sa fulgurance intellectuelle et sa capacité à dépiauter des dossiers. Ce serait trop facile de dire que tout est de sa faute. Mais il doit comprendre certaines choses. Et d'abord que des gens souffrent au MR. Il y a une richesse de personnalités pour porter les idées du parti. Or elles ne sont portées que par son entourage proche. Le MR ne se confisque pas. Le MR manque de démocratie interne. Le MR a bien besoin de toutes ses forces humaines. Le MR a l'urgent besoin d'un réchauffement climatique.
Defraigne, ce bon soldat devenu kamikaze
Il faut d’abord préciser ce dont nous parlons. Christine Defraigne, n’est plus chef de groupe, mais elle reste sénatrice de communauté, ce qui veut dire qu’elle siège aussi au parlement wallon et au parlement de la communauté française. Elle est également conseillère communale à Liège. Christine Defraigne conserve tous ces mandats. Seule la position de chef de groupe a donc été remise en question. Argument principal des sénateurs qui ont décidés de la faire descendre d’un cran : une chef de groupe ce n’est pas un parlementaire comme les autres. Il doit être au service de ses collègues parlementaires mais aussi au service de son parti et donc en phase avec son président. Christine Defraigne ne pouvait plus jouer ce rôle de capitaine d’équipe puisqu’elle conteste le sélectionneur. Les sénateurs y ont ajouté des critiques de fonctionnement interne, avec une tendance à utiliser le groupe du sénat pour sa promotion personnelle.
Defraigne prend le maquis
Christine Defraigne, pasionaria de la Résistance à Didier Reynders. L’ex-chef de groupe MR au Sénat, a été débarquée par ses troupes pour cause de déviationnisme, comme on aurait pu dire dans un Parti Communiste des années 50 !
Christine Defraigne est chef de groupe depuis 2003 et ce n’est qu’après avoir critiqué la gestion du parti par le président Reynders que subitement les autres sénateurs MR auraient remarqué sa mauvaise gestion du groupe !
Christine Defraigne a été confortablement réélue en juin dernier (tête de liste dans l’arrondissement, elle a recueilli près de 20 000 voix de préférence pour 17 000 à Didier Reynders, en fin de liste) et confirmée à son poste en juillet. D’ailleurs, Philippe Monfils (qui a gardé une rancœur de voir Christine Defraigne lui ravir le poste de chef de groupe en 2003) et Armand De Decker ont été clair. Il est temps que toutes ces petites phrases et ces déclarations cessent, a précisé ce dernier. Plus une tête ne doit dépasser, c’est un signal très fort, insiste le président du Sénat.
Didier Reynders a simplement rappelé que c’était là une initiative du groupe. Il n’aurait pas influencé la décision. Ce serait une première politique: le chef d’un groupe parlementaire aurait été désigné sans l’aval direct de son président de parti !
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