mardi 1 décembre 2009

Michel, le bourlingueur

Extrait de "Répondez @ la Question!" de la RTBF du 30/09/09





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Lors de la première émission de la saison de "Répondez à la question", le député européen, ancien ministre et ancien commissaire européen Louis Michel n'a pas dissimulé son différend avec le patron du MR, Didier Reynders. Se posant un peu là, il se ménage toutes les possibilités.

Lorsqu'on lui demande si oui ou non Didier Reynders doit quitter la présidence du Mouvement réformateur, Louis Michel ne répond pas directement "C'est à lui de répondre à cette question-là. C'est difficile de répondre par oui ou par non. Il a la légitimité jusqu'en 2012". Mais il précise très vite : "Lorsqu'en 2004, je n'ai pas été à même de conduire le parti dans les majorités régionales suite à ce qui s'est passé avec M. Di Rupo ; et bien je suis parti parce que j'avais le sentiment que quelqu'un, et qui d'autre que le président, doit prendre la responsabilité rédemptrice d'assumer". Peut-on mieux montrer le chemin à l'actuel président? "Je crois que c'est un signal que bon nombre de personnalités au parti attendent. Ceci étant dit, c'est lui qui a le pouvoir du dernier mot".

Louis Michel est fin politique. Il comprend que le style et le ton de Didier Reynders indispose une partie de l'opinion mais il sait aussi que l'affrontement direct avec le Liégeois pourrait déservir sa cause autant que celle de son fils. Il se dit "disponible pour reconquérir l'opinion", ce qui laisse la porte ouverte à bien des perspectives même s'il ne se dit pas "tenté" par la présidence. "Je suis très bien là où je suis mais je suis évidemment disponible pour aider". Pas tenté mais disponible, ça sent le sacrifice...

Didier Reynders, "pas un atout pour le MR"

Celui qui fut président du MR avant 2004 ne dit pas que Didier Reynders est directement responsable de l'échec. "Nous avions un bon programme, le même que celui qui avait permis la victoire triomphale de 2007", souligne-t-il, rappelant au passage que la stratégie d'affrontement de Didier Reynders avait alors fonctionné. "Cette stratégie de bipolarisation offrait un choix très clair à l'électeur". Alors ce qui n'a pas marché cette fois-ci? "Peut-être l'affaire Fortis, même si je prétends qu'il a fait exactement ce qu'il fallait faire, et il a assumé sa mission d'homme d'Etat."

Mais après les fleurs, les épines : "Ici et maintenant, on ne peut pas dire que [Didier Reynders] soit un atout pour le MR. Manifestement, il y des courants contraires". Mais il ne faut pas s'attendre de sa part "à des coups fourrés, à des coups sordides". "Il n'y a pas de clan Michel ! ", tranche-t-il à destination de ceux qui en douteraient. Il nie d'ailleurs fermement avoir téléguidé les attaques contre Didier Reynders émanant de personnes proches, comme Jean-Paul Wahl, député wallon et son successeur sur le trône mayoral jodoignois.

S'élevant du reste avec une certaine majesté contre ceux qui le penseraient coupable de tels forfaits, il tonne, indigné : "Est-ce que vous croyez vraiment Louis Michel assez stupide pour envoyer au casse-pipes pour attaquer Didier Reynders celui qui est son successeur à Jodoigne? Je dois d'ailleurs vous dire que j'ai dit à Jean-Paul Wahl que ça m'embarrassait, sa démarche, parce que si quelqu'un d'autre le fait, bon soit, mais que ce soit mon successeur à Jodoigne qui est un ami proche qui le fasse, ça donne évidemment à supposer... (...) Ceci étant dit, ils ont exprimé tout haut ce qu'ils entendaient autour d'eux, pas seulement dans l'opinion publique mais aussi dans le parti". Même pas vraiment fâché, quoi.

Une affaire de "body langage"

Pas de réelle différence à ses yeux entre le MR façon Louis Michel et le MR dirigé par Didier Reynders. "Didier Reynders n'a pas modifié la ligne politique". "Il n'est pas plus à droite", et si certains le disent, c'est seulement "l'impression qu'il donne ; et il est évident que le style de Didier Reynders, son vocabulaire, sa sémantique, même son 'body langage' donnent le sentiment qu'il est beaucoup plus carré, moins empathique". On a connu des compliments moins ambigus. Persistant à ne voir aucune différence entre le MR d'hier et celui d'aujourd'hui, il relève toutefois que "dans la manière de porter le message", le style de Didier Reynders est "évidemment différent".

Pour un "libéralisme à visage humain"

Louis Michel refuse de se positionner sur un axe gauche-droite, contrairement à la volonté affirmée de Didier Reynders de positionner le MR au centre-droit. "Je suis pour un 'libéralisme à visage humain' ", souligne le Jodoignois, qui manie manifestement les références historiques avec un humour tout particulier. Il serait donc, lui, le mieux placé pour animer le 'printemps des réformes', même s'il ne dit pas -l'humour à ses limites- que Didier Reynders jouerait alors le rôle du gardien de l'orthodoxie.

L'homme qu'on annonce à la tête de l'Assemblée générale des Nations Unies pour la prochaine session n'insiste pas trop sur ce départ éventuel. Au contraire, n'ayant de cesse de manifester sa disponibilité à l'égard de son parti et de la scène nationale, il répète -convoquant les mânes de son prédécesseur à ce poste, le socialiste Paul-Henri Spaak- qu'il est un homme politique à part entière.

Et il se délecte, tous comptes faits, d'avoir amené les vice-premières Laurette Onkelinx et Joëlle Milquet à lui rappeler son devoir de neutralité. Car qui pourrait douter de sa loyauté ?

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