vendredi 19 décembre 2008

"C'est un geste de bonne gouvernance"

Marianne Thyssen:

"le fait que les ministres CD&V ont démissionné ne signifie pas qu'ils reconnaissent avoir commis une faute"

Et quoi encore ?

"C'est un geste de bonne gouvernance"

Ah oui, la Goed Bestuur, c'est vrai ... la spécialité flamande.

"Maintenant, nous voulons qu'il y ait rapidement un gouvernement qui fonctionne"

Et avant pas, alors ?




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La démission de Leterme I pour les Nuls
On voit maintenant un peu plus clair dans ce qui s’est réellement passé entre la rue de la Loi (le gouvernement) et la place Poelaert (pouvoir judiciaire) dans cette affaire qui a conduit à la démission, inéluctable vu les circonstances, de Leterme I. En voici une synthèse explicative, principalement à partir des éléments factuels de la note en néerlandais établie à l’attention du président de la Chambre des Représentants par le premier président de la Cour de cassation

Le CD&V dans les cordes, donc dangereux...
Au 2e jour d’une crise politique dont on n’ose même plus écrire qu’elle est totalement inédite, il n’y a finalement que la presse internationale pour faire état de sa préoccupation devant la déliquescence des institutions de notre beau royaume. Les journalistes et observateurs allemands, espagnols, anglo-saxons… ne savent pas à quel point, ici, on ne s’étonne plus de rien.


Leterme: "la poursuite du gouvernement n'était plus possible"
Le rapport du premier président de la Cour de cassation, Ghislain Londers, a rendu impossible la poursuite de l'activité du gouvernement, a expliqué vendredi soir le premier ministre Yves Leterme dans un communiqué. Il compte sur la Commission d'enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur les faits et établir la vérité.
"Si j'ai agi en mon âme et conscience et dans l'intérêt général, il me faut néanmoins admettre que la note Londers rend impossible la poursuite de l'activité gouvernementale", a-t-il dit.Le premier ministre témoigne également de son soutien au ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, qui a annoncé sa démission en fin d'après-midi à la suite du rapport. C'est d'ailleurs cet acte qui a entraîné la démission collective du gouvernement.


Crise : toutes les réactions du monde politique

Leterme, la chute sans fin
Yves Leterme, le Premier ministre belge, a remis ce soir au Roi Albert II, la démission de son gouvernement. Cette fois, la crise n’est pas provoquée par un énième rebondissement du conflit entre néerlandophones et francophones, mais par une grave violation de l’État de droit.

Updated: RFI fait très fort:

Belgique
Affaire Fortis : le gouvernement présente sa démission

Article publié le 19/12/2008 Dernière mise à jour le 20/12/2008 à 00:24 TU
L'affaire Fortis a eu raison du gouvernement belge. L'équipe d'Yves Leterme a présenté sa démission au roi après que la plus haute instance juridique belge a accusé les services du Premier ministre d'avoir tenté de faire pression sur la justice dans le dossier du sauvetage de la banque Fortis. Vendredi soir, le roi Albert II, auquel il appartient d'avaliser ou non la décision, a annoncé qu'il réservait sa réponse.

Avec notre Bureau de Bruxelles
Dès que le gouvernement belge apprend qu’il est assigné en justice par les actionnaires de la banque Fortis, il tente, plus ou moins discrètement, d’influencer le tribunal. Mission accomplie : les plaignants sont déboutés. Mais hargneux, ils font appel de la décision. A partir de là, les pressions se font plus précises, notamment entre un magistrat et l'un de ses anciens collègues, entré au Cabinet du Premier ministre.
Par l’un des juges de la Cour d’appel - qui est à la ville l'épouse d’un responsable politique proche du Premier ministre - le gouvernement est tenu au courant en temps réel des décisions des magistrats. En service commandé, le procureur du roi tente, mais en vain, de faire changer les juges, de reprendre l’affaire à zéro.
Et là, premier coup de théâtre : convaincu d’avoir raison, agacé par les révélations dans la presse, le Premier ministre, sans consulter quiconque, fait distribuer aux parlementaires le texte d’une lettre qu’il vient d’envoyer à son ministre de la Justice. Retour de boomerang immédiat, fait sans précédent, le premier président de la Cour de cassation se plaint auprès du président de la chambre basse du Parlement des interventions de l’exécutif dans la procédure judiciaire. La suite est connue : la démission du ministre de la Justice entraîne celle du gouvernement.
Sur le papier, Yves Leterme avait tout pour lui : parfait bilingue, né de père francophone et de mère néerlandophone, il pouvait passer pour un modéré, d’autant plus porté sur le consensus qu’il avait été fonctionnaire européen. Mais il a été à la fois victime de sa génération d’élus, qui contrairement à leurs aînés, ont fait carrière en politique d’un seul coté de la frontière linguistique ; et de son caractère psycho-rigide et peu porté sur le travail d’équipe.
Après une carrière en Flandre, où sa fermeté lui a permis d’aller de succès électoral en promotion flatteuse, il s’est montré incapable de s’adapter au niveau fédéral, qui requiert habileté, doigté, et une idée claire des objectifs que l’on peut raisonnablement s’assigner.
Neuf mois auront été nécessaires pour former son gouvernement, neuf autres mois auront suffit à l’enterrer. Aussi célèbre ici que George Bush, pour sa propension à la maladresse, raillé pour avoir révélé que c’est son chauffeur qui noue sa cravate tous les matins, il laissera, le jour de son départ, le souvenir d’un chef de gouvernement dont les mauvaises langues au Parlement répétaient qu’il aurait, peut-être, fait un bon secrétaire d’Etat.


Toute l’activité, particulièrement fébrile, du Premier ministre au cours de la journée et de la soirée de jeudi visait, justement, à empêcher toute démission individuelle ou collective de son gouvernement, en place depuis neuf mois seulement. Et là aussi, la stupéfiante psychorigidité d’Yves Leterme aura provoqué le contraire de l’effet escompté.
A bout et en proie à une vive dépression, son camarade de parti, le ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, a annoncé sa démission en fin d’après-midi et peu après, le Premier ministre convoquait ses collègues à une réunion d’urgence, afin de leur proposer de jeter l’éponge et de l’autoriser à présenter au roi la démission de l’ensemble du gouvernement.
C’est la faillite d’un style - celui d’un chef de gouvernement, sûr de son inspiration et de son bon droit, multipliant en solitaire les maladresses - bien plus que celle d’un système, que marque cette nouvelle étape dans la descente aux enfers du gouvernement Leterme. Le roi a indiqué dans la soirée qu'il réservait sa réponse quant à cette démission.
En attendant, « la réalité juridique », c’est que la vente de Fortis à BNP Paribas est gelée jusqu’au 12 février, alors que l’offre de la banque française reste valable jusqu’au 24 février.


Leterme - Justice - Fortis
C'est donc l'imbroglio total et des institutions chaque jour un peu plus discréditées. Quand à l'image du pays n'en parlons pas. De l'extérieur, ce serait presque drôle si ce n'était aussi triste, si ce n'était notre pays.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu aurais pu appeller la note "ENFIN un geste de bonne gouvernance".

himself a dit…

@François

Ce sont les propos de Thyssen, elle-même et cette peste pourrait bien devenir Premier Ministre, pour parachever l'édifice surréaliste.

Ce n'est évidemment pas un acte de bonne gouvernance - Elio ne possède pas le monopole du coeur et de la mauvaise foie (ça, c'est pour Daerden) ; cette démission est la sanction minimale d'un Premier qui ne respecte pas les lois fondamentales d'une démocratie - j'attends également les pousuites judiciaires.

Et Lizin ? Comment va-t-elle ?

Anonyme a dit…

Assassin indeed, cet article de RFI!

francophonedebruxelles a dit…

La Belgique agonisante n'est plus un Etat de Droit et ne sera bientôt plus un Etat tout court. Aujourd'hui le fait même d'organiser des élections fédérales ou européennes est illégal.

Alors que l'Etat fédéral est cliniquement mort depuis le 10 juin 2007, les 25 bourgmestres flamingants de Halle-Vilvorde préparent le boycott des prochaines élections avec l'accord de la Région Flamande.

La scission de BHV que réclame la Flandre à l'unanimité afin d'ériger la frontière linguitique en frontière d'un Etat Flamand dans lequel Bruxelles sera enclavée achèvera la longue agonie de la Belgique.

PS: J'ai aussi aimé le "Nous devons être fiers d'être belge" lancé par Di Rupo hier soir en direct sur la RTBF. Surréaliste mais peu étonnant d'une particratie francophone qui ment à ses électeurs pour se maintenir au pouvoir. Non, il ne fait pas sauver la Belgique à n'importe quel prix.

Anonyme a dit…

Avant de lire Le Soir du jour, j'ai cru encore que le CD&V avec le discours de Thyssen allait encore nous imposer Leterme comme premier comme en juillet. A la VRT, un débat entre De Croo et Eyskens, deux élus flamands dont la majorité s'en foute. Plus une interview de Leo Tindemans qui avait aussi démissionné entrainant le gouvernement. Ca sert à quoi de les inviter ? Plus personne ne les écoute chez les nouveaux élus.

A lire ensuite la réaction sur le blog de François d'un député PS désarmé et disant tout haut ce que personne côté francophone n'ose dire : la majorité des élus flamands ne sont pas condédéralistes mais bien indépendantistes. On le sait déjà depuis longtemps si on fouille un peu mais même sur les forums flamands, ils osent encore le nier.

http://francoisquinqua.blog.lemonde.fr/2008/12/19/leterme-demissionne-et-emporte-le-gouvernement-avec-lui/#comments

Le pays éclatera c'est presque inévitable sauf soumission des élus francophones qui étaient les SEULS à ne pas vouloir de la démission de Leterme.

Alors il est grand temps que côté francophone on se prépare car en pleine crise économique, les politiciens flamands n'auront aucun remord à nous laisser tomber bien au contraire. Un chien flamand vaut plus qu'un francophone aujourd'hui et peu de gens semble le comprendre. Je consulte les offres d'emploi souvent et je constate de plus en plus d'offres en Wallonie où quand vous êtes flamand, le néerlandais suffit mais quand vous êtes francophone, il faut être parfait bilingue et ce à Namur ... Et l'anglais n'est pas demandé.

Anonyme a dit…

Cher ami,

Vous semblez allègrement oublier que Dider Reynders est cité au même titre qu'Yves Leterme dans le rapport Londers !!!
Tant le MR que le CD&V se sont assis sur l'Etat de droit et sa séparation des pouvoirs...

MR ou PS comme premier parti de wallonie, cela reviendra au même... Pour ceux qui, comme moi espéraient le MR, c'est la douche froide !!! Deu point de vue de la morale politique, le MR n'est malheureusement pas mieux que le PS...

Alors ?
Voter Aernoudt ???

himself a dit…

@Tous

Désolé, j'ai une nouvelle fois "perdu" (perte de réseau) le grand commentaire destiné à chacun (je sais, ce n'est pas première fois - la loi de Murfy ?).

@ Jean Laitat

Nous n'avons pas lu les mêmes rapports, semble-t-il. Il et vrai que j'ai lu seulement les versions traduites en français.
Le seul passage ambigu où il est question de reynders et le suivant:

"Dans sa lettre du 18 décembre 2008, le ministre de la Justice, M. Vandeurzen, stipule qu'à
une heure non précisée, il a été informé par le cabinet du premier ministre que les avocats
de l'État belge (?) avaient fait état de possibles irrégularités de procédure relatives à une
audience imminente qui devait se tenir dans l'après-midi (12 décembre) devant la chambre
de la cour d'appel chargée d'examiner la procédure en appel relative à l'affaire Fortis. Le
ministre de la Justice précise qu'il tient cette explication de M. Hans D’Hondt qui, à son tour,
en avait été informé par les avocats de l'État belge "soit directement, soit par l'intermédiaire
du cabinet du vice-premier ministre Reynders".
Je peux uniquement prendre acte de ce point de vue, mais il n'existe que deux possibilités:
- ou bien le ministre de la Justice a été tenu à l'écart de l'information (cf. les contacts
entre la Chancellerie et l'époux de la conseillère Schurmans) qui l'aurait peut-être
incité à agir avec prudence, voire à faire application de l'article 29 du Code
d'instruction criminelle;
- ou bien cette information lui a bien été transmise, auquel cas le ministre de la Justice
aurait dû lui-même faire la dénonciation en vertu de la disposition légale précitée, et
n'aurait certainement pas pu invoquer l'article 140 du Code judiciaire sans s'exposer
à une présomption de tentative d'influence."

Je compte (si temps, encore plus compté pour moi en cette période) consacrer un petit billet à cet aspect des choses, car cette campagne de dénigrement sectaire me dérange.

Anonyme a dit…

Pour Reynders, dommage: c'était l'opportunité d'avoir un francophone comme Premier.

Je crois tout de même qu'il est trop impliqué dans ce qui a fait chuter le gouvernement. Même s'il n'a pas joué dans les pressions, il sera l'objet d'une enquête pour le déterminer.

Comme dit ailleurs, je crois que le (la) Premier(e) doit être quelqu'un "au dessus de la mêlée". Maertens me semble bien.

himself a dit…

@Xavier

Je trouve dommage aussi de rater cette opportunité d'avoir un excellent francophone comme Premier.

Le choix de Reynders semble s'imposer tellement naturellement, que je comprends cette levée soudaine de dénigrement aigu opportuniste et sectaire à son égard. Il y a plus de petits esprits, que de grands, dans notre monde politique.

A la lumière des pièces connues, je ne pense vraiment pas que Reynders puisse être inquiété par le Fortisgate. Par contre, je comprends mieux la démission de Vandeurzen – la responsabilité du cabinet Leterme est clairement engagée et je comprends complètement la suspension de

la juge liée au CD&V, Christine Schurmans.

Anonyme a dit…

Pour la Juge, je trouve qu'elle aurait dû être condamnée pour procédure téméraire et vexatoire.

Qu'un employé ignorant des lois lance une procédure contre son patron qui a l'impression (plus qu'une impression) que la maladie est feinte, passe encore.

Mais à sa place, j'aurais fait profil bas...