vendredi 25 janvier 2008

Un débat qui ne manque pas d'intérêt

... titre très subtilement La Libre, en revenant sur un mode humoristique sur ce dossier technique des intérêts notionnels.

Jean-Marc Nollet:
"L'amnésie en politique est une maladie grave." Et toc pour le PS. Mais le débat n'est pas là. Il reprend les popos de la ministre des Affaires sociales,
Laurette Onkelinx (PS) qui affirme que le système a généré des abus et que l'on est passé d'un coût de 560 millions annoncés à 2,4 millards. Vrai? Et combien d'emplois cela a-t-il créé? Et quid des fraudes?

Je me posais aussi la question de savoir s'il était possible d'évaluer cette mesure... et le ministre des Finances l'a fait:

Quatrième au monde
La voici, version MR. Reynders, on le sent, savoure déjà sa réponse. Sur les bancs, on dresse l'oreille, flairant la bonne tirade. D'abord, il rappelle que c'était une mesure du gouvernement précédent, dont les socialistes n'étaient pas absents... Les conséquences de la mesure? Là, il se lache: en 2006, les investissements en Belgique, ont doublé par rapport à 2005 pour atteindre, en 2006, 72 milliards de dollars, le 4ème score au monde, en valeur absolue. Désolé, confesse-t-il, nous n'avons pas pu battre les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France...
L'impact sur l'emploi? Les 200.000 emplois promis ont été créés. Le coût? L'impôt des sociétés n'a jamais autant rapporté: plus 6 pc en 2007.
Puis là, il se fâche: si des abus ont été constatés, qu'on donne des exemples plutôt que de dire qu'il y en a sans pouvoir le prouver. Les libéraux du Nord et du Sud rient, applaudissent et son contents de leur tribun préféré.



A lire aussi, le "Savoir Plus"
Qu'est-ce que l'intérêt notionnel?
Le régime des intérêts notionnels déductibles bénéficie aux entreprises depuis le 1er janvier 2006. Ce système permet aux entreprises de déduire de leurs bénéfices imposables un intérêt fictif calculé sur leur capital à risque. Le but est d'encourager le recours à cette méthode de financement, alors que les emprunts étaient auparavant davantage favorisés sur le plan fiscal. En pratique, lorsque des actionnaires apportent du capital à risque à une entreprise, on en tient compte pour calculer une déduction sur ses bénéfices. D'où une réduction de la base d'imposition et donc, de l'impôt appliqué à la société. Pour connaître le montant déductible, on applique le taux des Olo's (acronyme d'"obligations linéaires, lineaire obligaties" désignant des obligations d'Etat) aux capitaux apportés, encore appelés fonds propres ou capital à risque. Si l'entreprise est déficitaire, elle peut reporter la somme déductible à une année ultérieure où elle sera en bénéfice. Ce report est possible pendant 7 ans. Concrètement, l'intérêt notionnel est calculé à l'aide du taux moyen des Olo's à dix ans de l'année qui précède l'exercice au cours duquel ce régime fiscal est mis en oeuvre. Pour les petites et moyennes entreprises (PME), ce taux est majoré de 0,5 pc. Mais elles doivent choisir entre cette possibilité et le système de la réserve d'investissement, une mesure de faveur dont elles disposaient déjà depuis plusieurs années. En 2007 (exercice d'imposition 2008), le taux était fixé à 3,781 pc (4,281 pc pour les PME). Pour l'année des revenus 2008 (exercice d'imposition 2009), le taux des intérêts notionnels passe à 4,307 pc (4,807 pc pour les PME). Le choix de la date du 1er janvier 2006 pour l'entrée en vigueur est dû à la fin des activités de bon nombre de centres de coordination en 2005. A l'origine, l'un des buts du régime des intérêts notionnels était que la Belgique conserve un attrait fiscal susceptible de retenir ces centres de coordination dont les avantages fiscaux arrivaient à expiration sous la pression des autorités européennes.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Merci de votre résumé des articles de la libre, toujours utile à avoir suos la main.

Il me semble que cet échange appelle plusieurs commentaires.

Tout d'abord le chiffre de 200.000 emplois cité par MR Reynders dans l'article a diminué à 70.000 emploi cette semaine.

Ensuite, 2,5 milliard pour 70.000 emplois font 35 000 euros/an par emploi, soit a peu prés 1,5 salaire minimum par emploi. Amha, le role de l'etat n'est pas de créer des emplois subsidiés en entreprise.

Enfin, je serais de savoir comment le chiffre de 70 000 emplois a été estimé, etant donné que ce sont surtout les grosse sociétés, et non les PME comme prévu, qui ont profité des interets notionnels.

Ces questions n'enléve en rien à l'interet potentiel des interets notionnels, mais au vu de leur cout j'aimerais une évaluation plus claire de leur résulat.

himself a dit…

@Pascal Warnimont

Merci pour votre "intérêt"...

Il me semble important de préciser qu'il ne s'agit pas d'un coût, mais d'une absence de rentrée et que néanmoins, la balance est positive, vu que l'impôt des sociétés est en augmentation, tel que précisé dans l'article.

La création d'emploi n'est pas liée directement à cela - il serait intéressant que vous citiez vous sources concernant les 70.000 emplois en lieu et place des 200.000 pas contestés à ma connaissance.

L'évaluation plus fine des mesures me semblent en pratique irréalisable, mais je déplore comme vous que la fiscalité ne soit pas plus orientée vers les PMEs plus prometteuses en terme de stabilité socio-économique.

Je vous propose de consulter aussi l'article et lien suivant: http://www.lesdoigtsdanslacrise.info/index.php?post/2008/02/06/Les-vieilles-ficelles-budgetaires-du-federal#comments

Anonyme a dit…

Essayer de demander à votre garagiste une réduction sur votre prochaine facture et voyez si il ne considérera pas ca comme un cout:). Rentrée en moins ou une dépense en plus, in fine, c'est de l'argent qui n'est plus au budget et ne peut etre consacré a autre chose.

Hors, indépendamment de toute notion de justice fiscale, de nombreux incitants à la création d'emploi existe en dehors de la diminution de l'impot des societes: la diminution de l'impot sur les bas salaire, ou l'augmentation du salaire minimum incite les chomeurs dans les pieges à l'emploi à travailler, la diminution des charges sociales incite à engager, pour n'en citer que quelques unes.

La moindre des chose serait donc d'evaluer l'efficacité des interets notionnels en terme d'emploi et de la comparer avec les mesures avec lesquelles elle se trouve en concurrence.

Répondre que cette efficacité est trés difficile à évaluer, comme le confirmait un membre de la BNB dans les Echos, me semble un trés mauvais argument pour défendre les interets notionnels.

Concernant le chiffre de 6%, si vous aviez des sources je serais intéressé. En effet une certaine confusion régne sur l'augmentation des recettes. Le chef de cabinet de Mr Reynders cite une augmentation de 6% de l'ISOC l'année passé, sans préciser s'il parle de l'année d'imposition ou de l'année des revenus. Le soir cite un chiffre proche de 6% mais parle de recette fiscales pour 2007/2008, ce qui est totalement différent de l'impot des sociétés. On peut continuer comme ca longtemps (googler augmentation recette fiscale 6%)

Dans tout les cas, il totalement irréaliste de considérer que les investissement réalisés dans le cadre des interets notionnels ont produit leurs effets dans l'année d'investissement.

Pour l'estimation du nombre d'emplois crées ,à 70.000 emplois voir http://www.lesoir.be/actualite/belgique/les-recettes-fiscales-en-2008-02-17-578075.shtml
ou http://www.lecho.be/article/Budget_2008__croissance_de_5_6__des_recettes_fiscales.6299700.
Il n'y a malheureusement aucune indication concernant la méthode de calcul.

Ce chiffre me fait douter de l'efficacité de la mesure en terme d'emplois puisqu'il revient à subsidier ces emplois d'un montant supérieur à un salaire d'infirmiére ou d'un ouvrier du batiment, deux métier ou les offres d'emplois ne trouvent pas preneurs actuellement, et qui bénéficierait des mesures ci-haut.

Pour conclure, j'ai fait un petit test aujour'dhui. J'ai demandé à mon pharmacien et à la créche de mon fils, tout deux constitué en société, et ayant engagé récemment, s'ils avaient pu profiter des interets notionnels: ils ne savaient pas ce que c'était.

Anonyme a dit…

PS: j'ai tenté de consulté le lien doigtdanslacrise, mais la page semble partie.

himself a dit…

@anonyme: le lien proposé : http://www.lesdoigtsdanslacrise.info/index.php?post/2008/02/06/Les-vieilles-ficelles-budgetaires-du-federal#comments
fonctionne correctement; puet-être essayer le site http://www.lesdoigtsdanslacrise.info et naviguer dans la section "en bref", bien qu'un article plus complet sur le sujet existe aussi.

himself a dit…

@ Pascal Warnimont

Je ne peux en gros que me répéter, car je pense avoir dit l’essentiel (d’important sur le sujet – un complément de ma réaction se trouvant aussi dans un commentaire sur http://www.lesdoigtsdanslacrise.info/index.php?.)

Clôturons cet aspect sémantico-comptable à propos d’un «coût » en utilisant le terme « dépense ». Je voulais exprimer le fait qu’il n’est pas demandé aux contribuables de payer plus pour financer ces mesures. Encore une fois (vous le regrettez et moi aussi) il ne semble pas possible de pouvoir analyser finement les résultats de cette mesure (la preuve étant que les estimations de base se sont montrées fortement erronées, pas par incompétences, ni par manipulation politique sectaire, mais simplement par le fait que l’économie n’est pas une science exacte, que la rédaction d’une équation du modèle est à valeurs « infinies », du moins multiples et que surtout, on ne travaille pas dans un univers fermé.
C’est un peu comme essayer de régler la température d’une maison à plusieurs pièces et étages, quand il n’existe aucunes portes et fenêtres.

Par contre, il est assez facile de calculer le bilan général de cette mesure qui est néanmoins positif, faudrait-il encore le rappeler ? Mais améliorable aussi, certes et certainement.

Déjà dit aussi : il semble que vous persistiez à croire que cette mesure à un impact direct sur (ou carrément soutiendrait directement) l’emploi ; cela est erroné ; le but de cette mesure, vise à favoriser les investissements sur fonds propres. L’emploi est un effet -parfois très- indirect des investissements.
Merci pour vos références journalistiques. Il concerne l’élaboration du budget et donc de recettes prévues pour 2008 en fonction de celles de 2007 qui ne semblent pas encore finalisées à 100%. J’apprends donc qu’on a essayé de calculer l’impact sur l’emploi en relation spécifique avec cette mesure sur les intérêts notionnels. J’ignore le détail de ce calcul qui à mon sens est extrêmement complexe. J’ignorais ces chiffres à prendre avec beaucoup de prudence, faisant plutôt référence aux 200.000 emplois du programme du gouvernement Verhofstadt précédant.

Quant à votre entourage qui ignore l’existence des intérêts notionnels, suggérez leurs deux choses : prendre un bon comptable et puis … incitez les à consultez et à réagir sur ce blog !

Rapport BN ici : La loi de Conway ( http://grand-barnum.blogspot.com/2008/02/la-loi-de-conway.html ) Guy Quaden, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB) vient de présenter le rapport 2007 :
"on n’a jamais autant parlé de pouvoir d’achat, alors que le revenu disponible des ménages a sensiblement augmenté en 2006 et 2007 et que l’économie belge a réalisé une excellente performance l’an dernier."