Les droits des femmes et laïcité malmenés dans les couloirs de l'ONU ?
C'est une thèse que soulevait en 2008 Malka Marcovich dans son pamphlet "Les Nations DésUnies". Invitée par la CLEF (Coordination du lobby européen des femmes) en ce début d'année à répondre à la question « Où l'ONU mène-t-elle les femmes ? », l'historienne et militante féministe et laïque ne change rien à son regard critique... et « radical », assume-t-elle.
La mise en route le 1er janvier dernier de l'institution "ONU Femmes", qui vient regrouper 4 anciennes structures dispersées, ne marque-t-elle pas une avancée ? On en verra un premier témoignage en février, quand l'ONU Femmes dirigera pour la première fois la réunion annuelle de la Commission de la condition de la femme. Pour la CLEF, il y a lieu d'espérer. Symboliquement, en terme de visibilité et au vu de la personnalité de sa présidente Michelle Bachelet, ce n'est en effet pas anodin, juge Malka Marcovich. Mais pour l'historienne le scepticisme l'emporte.
Régression rampante
Car, depuis une dizaine d'années, les observatrices constatent une « régression rampante » des droits des femmes au sein des Nations Unies. Malka Marcovich voit dans l'élection de l'Arabie Saoudite parmi les 47 membres du bureau d'ONU Femmes un signe supplémentaire de cette évolution. Un renoncement des pays occidentaux face aux offensives religieuses et aux atteintes à la laïcité. Et un rôle de plus en plus prégnant de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), seul groupe d'influence onusien à caractère religieux assumé, qui regroupe 57 états membres. Sans négliger, signale Malka Marcovich, le renforcement de l'influence orthodoxe en Russie ou en Ukraine, ni le poids croissant des Eglises en Amérique du Sud.
Sophie Del Corso, représentante du service des droits des femmes du gouvernement, rejoint ce constat : « Il est vrai que les choses sont de plus en plus difficiles ; il y a effectivement une montée en puissance de la concurrence islamique, de plus en plus désinhibée pour valoriser le relativisme culturel. » Un relativisme qui s'impose, par petites touches, dans les textes fondamentaux des Nations Unies.
Exemple de ce recul : le retour du concept de « prostitution forcée ». Jusqu'en 1993, le terme « forcée » n'était mentionné dans aucun texte onusien, afin que la charge de la preuve ne pèse pas sur les prostituées, explique Malka Marcovich. « Qui a fait réapparaitre le contexte de prostitution forcée ? C'est l'Egypte, pour pouvoir criminaliser les femmes ».
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